Page:Maison rustique du XIXe siècle, éd. Bixio, 1845, V.djvu/128

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
116
livre viii.
HORTICULTURE.


tier, au moment du palissage, un certain nombre de jets on avant des branches principales, pourvu qu’ils ne dépassent pas 0m,08 à 0m,10 ; ce sont toujours ceux qui portent les plus beaux et les meilleurs fruits ; ils représentent tout à lait pour l’abricotier les bouquets du pêcher qui sont aussi sur cet arbre les productions fruitières les plus précieuses. Ces jets, tant qu’ils n’atteignent pas au-delà de la longueur désignée ci-dessus, ne doivent point être taillés-, on ne taille pas davantage les lambourdes ou branches fruitières latérales qui s’arrêtent d’elles-mêmes à 0m,20 ou 0m,25 de longueur ; les autres se taillent plus ou moins longues en raison de leur force relative et du nombre d’yeux à fleur dont on les voit chargées. On reproche à l’abricotier de se prêter mal à la conduite en espalier, parce qu’il se dégarnit promptement du bas et laisse de place en place des vides nombreux dépourvus de productions fruitières ; on peut juger par ce qui précède si ce reproche est mérité ; on ne doit s’en prendre qu’à la négligence du jardinier lorsqu’un arbre aussi docile que l’abricotier, aussi prompt à rejeter du bois jeune et fertile partout où il est convenablement taillé, laisse des vides improductifs sur le mur d’espalier.

§ IV. — Abricotier en plein-vent.

L’abricotier en plein-vent n’exige pas moins de soins que l’abricotier en espalier, lorsqu’on veut en obtenir des récoltes abondantes et assurer la longue durée des sujets. Après l’avoir greffé à la hauteur de deux mètres, on lui forme, d’après les principes que nous venons d’exposer, quatre membres principaux dont on dirige la végétation par le pincement et l’ébourgeonnement. Pendant les deux ou trois premières années, il est bon de palisser ces branches au moyen d’un cerceau, afin de les maintenir à égales distances entre elles ; on aura soin à la taille de ne pas laisser l’intérieur de la tête ainsi formée s’encombrer de branches superflues ; on préviendra la perte des branches épuisées en les rabattant dès que leur fertilité commencera à diminuer ; on surveillera toutes les productions fruitières pour leur ménager des branches de remplacement. L’abricotier en plein-vent se rajeunit et renouvelle sa charpente aussi facilement que l’abricotier en espalier ; il veut être débarrassé avec encore plus de soin des branches mortes ou malades, parce que la position presque verticale du jeune bois y rend la propagation du mal bien plus rapide que dans les branches de l’abricotier en espalier dont la position se rapproche toujours beaucoup plus de la ligne horizontale. Dans les pays exposés aux vents violents, on conduit souvent l’abricotier en corbeille ou en vase, après l’avoir greffé tout près de terre. Dans ce cas, on le taille exactement comme nous venons de l’indiquer pour l’abricotier en plein-vent à haute tige, en ayant soin seulement de ne pas lui laisser prendre un trop grand développement, afin qu’il puisse être plus facilement protégé par une haie ou par un abri quelconque contre le vent dominant, seul but qu’on se propose d’atteindre en donnant cette forme à l’abricotier.

Section IV. — Taille et conduite du prunier.
§ 1er . — Végétation naturelle.

Si toutes les fleurs du prunier venaient à bien, l’arbre ne pourrait nourrir tous ses fruits, tant sa floraison est abondante ; sa végétation naturelle offre cette particularité que les boutons à fleur s’y forment d’eux-mêmes sur toute la longueur des branches à fruit (fig. 262), sans qu’il soit jamais nécessaire de provoquer par la taille le changement des yeux à bois en boutons à fruit, comme on le fait pour le poirier et le pommier, qui, sans celte précaution, seraient très peu productifs. Si l’on ajoute à cette propriété naturelle des yeux du prunier celle de former sans aucun secours artificiel une tête gracieuse où les branches sont distribuées souvent avec autant de régularité que si le jardinier avait mis tout son savoir-faire à les disposer par le palissage, on doit en conclure que le prunier sous le double rapport de la production et de la forme, est dô tous nos arbres à fruit celui qui à le moins besoin d’être taillé. En effet, le prunier en plein-vent à haute tige, forme qu’on lui donne le plus souvent, ne se taille presque point. Le jardinier, après l’avoir établi sur quatre membres, comme nous l’avons indiqué pour l’abricotier, peut le laisser aller ; il n’a plus qu’à le débarrasser du bois mort, et à supprimer au besoin les bourgeons qui menaceraient de s’emporter en branches gourmandes. Si la suppression d’une branche gourmande ou la mort d’une bonne branche laisse un vide dans la tête du prunier, il suffit de tailler sur un bon œil à bois deux ou trois des bourgeons de l’année les plus voisins du vide à remplir ; il en résultera des bifurcations qui ne tarderont point à produire l’effet désiré.

Fig. 262.

§ II. — Prunier en espalier.

La prune, quelle que soit son espèce, mûrit plus tôt à l’espalier qu’en plein-vent ; elle est sous ce rapport le contraire de l’abricot, qui pourtant offre avec la prune de nombreuses analogies. Les jardiniers de profession cultivent peu la prune en espalier, ils trouvent un meilleur emploi de leurs murs bien exposés, en les garnissant de pêchers et d’abricotiers. Cependant, on obtient un prix fort avantageux des belles prunes précoces récoltées sur les arbres en espalier : la reine-claude et la mirabelle sont les prunes les plus recherchées et les plus avantageuses pour le jardinier. L’amateur ne doit point dédaigner de leur consacrer une partie de ses murs au midi, s’il tient à les récolter