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livre viii.
HORTICULTURE.
§ IV — Plantation.

Fig. 285.

Il ne reste plus qu’à mettre en place l’arbre ainsi prépare, en ayant égard à l’orientation du tronc. On brasse avec la terre du trou une brouettée de fumier très consommé, pour chaque pied d’arbre ; on remplit le trou de ce mélange, jusqu’à ce que, l’arbre étant posé à sa place, le collet des racines se trouve à 0m08 ou 0m10 au-dessous du niveau du sol. Avant de recouvrir de terre les racines de l’arbre, on les plonge dans un baquet rempli d’un mélange de bouse de vache et de terre franche délayées avec assez d’eau pour former une bouillie claire. Nous ne saurions trop insister sur cette pratique trop souvent négligée ; elle influe puissamment sur la reprise des sujets. On achève alors de remplir le trou, en ayant soin de l’aire entrer la terre dans les intervalles des racines, de façon à ce qu’il n’y reste pas de vide ; un peu de terreau, lorsqu’on peut s’en procurer, produit un excellent effet. On tasse modérément la terre sur les racines, en appuyant dessus tout autour avec le talon. La terre, fraîchement remuée et fumée, étant plus volumineuse qu’elle ne doit l’être quand elle aura pris son assiette, cette circonstance, jointe au volume des racines, forme toujours autour du tronc un léger talus qui plus tard s’affaisse de lui-même et revient à peu près de niveau avec le sol environnant ; la coupe du terrain (fig. 285) montre la disposition la plus convenable de ce talus ; elle consiste surtout à laisser autour du tronc un léger enfoncement circulaire, en forme de bassin, destiné à faciliter les arrosages, si, par suite d’une longue sécheresse, il devenait nécessaire d’y avoir recours. Dans les pays découverts, exposés à des vents violents, il est bon de donner aux jeunes arbres deux et quelquefois trois tuteurs, ce qui n’empêche pas d’entourer le tronc avec des ronces ou des épines, pour préserver leur écorce de tout accident. Lorsque le verger est dans une situation abritée, un seul tuteur suffit à chaque pied d’arbre : il faut prendre garde, en plaçant. les tuteurs, de blesser les racines. La fig. 286 montre un arbre assujetti à deux tuteurs placés assez loin de lui pour ne pas offenser ses racines. L’usage de brûler à la surface l’extrémité des tuteurs qui doit séjourner en terre les rend plus solides et plus durables. Les liens qui retiennent l’arbre assujetti aux tuteurs ne doivent être ni assez serrés pour le gêner, ni assez lâches pour risquer de nuire à l’écorce par le frottement ; dans ce but, de bons liens de paille tordue, tels qu’on les emploie dans les vergers de la Belgique, sont préférables à des branches d’osier.

Fig. 286.

L’époque la plus favorable pour planter les arbres fruitiers est un point de la science horticulturale sur lequel les auteurs et les praticiens diffèrent d’opinion. Les uns plantent le plus près possible de la reprise de la végétation, par conséquent au printemps, plus tôt ou plus tard, selon le plus ou moins de précocité des espèces ; les autres plantent indifféremment durant tout le sommeil de la végétation ; d’autres enfin pensent qu’on ne saurait planter trop tôt, et qu’aussitôt que la chute des feuilles annonce le sommeil de la végétation, il est temps de planter les arbres à fruit. Nous sommes entièrement de leur avis. En principe, l’arbre qui a le temps avant les grands froids de commencer à former ses racines, en profitant d’un reste d’arrière-saison, est mieux disposé à végéter au printemps de l’année suivante que l’arbre arraché et planté au moment où le travail de la végétation va recommencer. C’est donc, à notre avis, une règle générale qui, pour les contrées méridionales et tempérées de la France, y compris le climat de Paris, ne souffre pas d’exception. Dans le nord de la France, principalement dans le nord-est, où les hivers sont souvent très rigoureux, les jeunes arbres ont quelquefois tant à souffrir du froid, qu’il peut être préférable de les laisser en pépinière jusqu’au printemps ; dans ce cas, on se hâte de planter aussitôt après les fortes gelées, en saisissant un intervalle favorable, lorsqu’à la suite d’un dégel la terre s’est ressuyée et raffermie ; car, s’il fallait attendre la clôture définitive de l’hiver, qui se prolonge le plus souvent jusqu’en avril, on planterait beaucoup trop tard. Nous ajouterons qu’en Belgique, il nous est arrivé bien des fois de planter des arbres fruitiers au mois de novembre, contrairement à l’usage du pays, et que les arbres, après avoir essuyé plusieurs mois de gelées de 15 à 20°, ont végété au printemps avec plus de vigueur que d’autres mis en place au mois de mars. Nous devons donc considérer le mois de novembre comme le plus convenable de tous pour planter les arbres à fruit ; on peut planter dès la fin d’octobre les arbres d’espèces précoces qui perdent leurs feuilles de bonne heure ; car, dès qu’un arbre a perdu ses feuilles, c’est que sa végétation est engourdie ; il n’y a pas d’inconvénient à le déplacer.

§ V. — Soins généraux.

Les arbres du verger réclament peu de soins entre l’époque de la plantation et celle de leur