Page:Maison rustique du XIXe siècle, éd. Bixio, 1845, V.djvu/15

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AVANT-PROPOS.

A l’époque où parut la Maison rustique, vivement frappés de l’immense étendue des matières à traiter, nous avions résolu de ne nous préoccuper d’aucun objet qui leur fût étranger. Il nous eût semblé téméraire de dépasser les limites déjà si vastes du cadre de l’ouvrage primitivement conçu et d’ajouter à la masse des travaux que son exécution nous imposait. Tels furent nos motifs pour nous borner exclusivement aux matières du ressort de l’agriculture proprement dite, sans aborder ni l’horticulture, ni l’économie domestique. Mais, les vœux unanimement exprimés par nos abonnés ne tardèrent pas à nous convaincre que nous avions laissé dans notre publication une lacune qu’il devenait indispensable de remplir. En effet, les propriétaires de terres, grandes ou petites, les cultivateurs de tout étage, tous ceux enfin qui trouvent dans la Maison rustique leur guide habituel, ont ou peuvent avoir un jardin grand ou petit ; presque tous font du jardinage leur principal délassement ; s’ils sont à proximité d’un marché, ils peuvent trouver dans les diverses cultures jardinières une ressource importante ; la Maison rustique du XIXe siècle devait donc être complétée par un traité d’horticulture. L’opportunité d’un traité d’économie domestique n’est pas moins évidente ; tandis qu’en Angleterre et en Allemagne des ouvrages spéciaux sur cette matière mettent entre les mains de tout le monde les moyens le mieux appropriés à toutes les conditions pour rendre la vie intérieure de chaque ménage aussi confortable que ses ressources le permettent, en France, ceux qui souvent ne demanderaient pas mieux que de sortir d’une routine dont ils sentent tous les inconvénients cherchent en vain un guide pour les diriger.

Le cadre du livre consacré à l’horticulture était tracé d’avance par les besoins de ceux pour lesquels nous devions l’écrire : c’est le jardinage pris au point de vue de son contact avec l’agriculture dont il n’est qu’une dérivation, puisqu’il a, comme elle, pour but de tirer parti du sol. Quiconque, comme nous, a parcouru la France à pied et dans tous les sens, pour en étudier l’agriculture, pour connaître à fond les conditions diverses des populations rurales, demeure frappé des incalculables ressources que l’habitant des campagnes laisse perdre. Quel accroissement de bien-être une famille de pauvres cultivateurs ne pourrait-elle pas trouver, par exemple, dans les fruits d’un verger, même de peu d’étendue, facile à créer comme le désert de Barbeau-Brunet [1], avec peu ou point de frais, mais avec une volonté ferme et un travail persévérant ! La consommation des fruits, surtout celle des bons fruits, est presque nulle dans plusieurs de nos départements, ce ne sont pas les acheteurs qui manquent, ce sont les produits. Nous en dirons autant des légumes, et bien souvent

  1. Voir Journal d’agriculture pratique, t. IV, p. 410.