a consacré à son jardin public (fig. 522) une
étendue de soixante hectares, environ sept fois
celle du Jardin des Plantes de Paris ; 30,000
promeneurs y circulent sans encombrement.
Le but principal de cette composition était
de l’aire jouir les habitants de Magdebourg
de l’aspect de la contrée environnante, où la
vallée de l’Elbe forme de magnifiques tableaux ;
le terrain très accidenté s’y prêtait admirablement ;
Part a su tirer le meilleur parti des
avantages naturels de la situation. Le jardin
paysager de Magdebourg est une composition
digne d’être étudiée comme un modèle du
genre ; on y rencontre les applications les plus
judicieuses de l’emploi des arbres et arbustes le
long des allées et au bord des eaux, pour en
faire ressortir les lignes avec tous leurs avantages ;
pas un massif, pas un groupe d’arbres
ou d’arbustes, pas un arbre isolé, n’est là sans
une raison qui justifie sa présence là plutôt
qu’ailleurs, pour produire un effet toujours calcule
et toujours naturel ; chaque détail se rattache
à l’ensemble de la composition, sans
rien perdre de sa valeur individuelle. M. Linné,
auteur de ce beau plan qu’il a su mettre à exécution
avec tant de bonheur et de talent, n’a
pas de rivaux en Europe dans l’art difficile de
créer des jardins paysagers ; les auteurs anglais
eux-mêmes, c’est tout dire, lui rendent ce témoignage.
Les édifices en petit nombre qui ornent
le jardin de Magdebourg sont décores avec
autant de simplicité que de bon goût ; la salle
des festins A (fig. 522) a pour dépendance un jardin
fruitier et potager ; un temple B, occupe la
place d’où la vue domine sur le plus riche paysage ;
des massifs habilement ménagés dissimulent
l’aspect pénible des fortifications (car ces merveilles
sont sous le canon du roi de Prusse) ; la vue
plonge librement au contraire de toutes les parties
du jardin sur le cours majestueux de l’Elbe ;
le dôme de la grande église de Magdebourg et
les principaux édifices de cette ville sont présentés
avec avantage dans les intervalles des
massifs ; on a tiré le même parti de tout ce qui
dans la contrée environnante pouvait servir de
point de vue. La rivière artificielle C et les pièces
d’eau qui communiquent avec elle servent aux
plaisirs de la promenade en bateau : le port D,
réunit un grand nombre de nacelles élégantes à
la disposition des promeneurs. On peut reconnaître,
par l’inspection du plan, le soin, très essentiel
dans un jardin public, que l’artiste a
pris de disperser la foule, en lui offrant sur
des points opposés divers buts de promenade
également attrayants.
Les plantations du jardin public de Magdebourg se distinguent des autres du même genre par la grande variété des espèces, les unes disposées par groupes séparés, les autres en mélanges assortis avec beaucoup de goût et de discernement ; on n’y compte pas moins de 193 espèces distinctes d’arbres et d’arbustes d’ornement, sans compter les variétés. Ce jardin réunit à peu près tous les arbres et arbustes d’ornement qui supportent la pleine-terre sous le climat du pays où il est placé. La croissance et la culture de ceux de ces arbres récemment introduits en Europe y peut être étudiée comparativement avec les espèces indigènes, et contribuer à faire adopter dans les plantations les arbres offrant des avantages réels. C’est ainsi qu’un but d’utilité très important peut toujours être atteint, sans rien ôter au charme des compositions de pur agrément, comme doit l’être un jardin paysager.
Nous ne regardons point comme un malheur pour la France la division des propriétés, suite inévitable de l’abolition heureusement irrévo-