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livre viii.
HORTICULTURE.


vaces, cultivés dans nos jardins, soit pour leurs fruits, soit pour la beauté de leurs fleurs ou de leur feuillage, est l’objet spécial de la profession du pépiniériste, l’une des plus importantes de celles qui se rattachent aux différentes brandies de l’horticulture. Des pépiniéristes, en très petit nombre, cultivent la plus grande partie des arbres et arbustes à l’usage des jardins ; le plus grand nombre s’en tient à une spécialité, déterminée, soit par la nature du sol, soit par la facilité du placement d’un genre particulier de produits. Ainsi la Normandie et la Bretagne ont leurs pépinières d’arbres fruitiers destinés à produire les fruits à cidre ; la Provence a ses pépinières d’oliviers et d’orangers, tandis qu’aux environs de Paris on trouve des pépinières où les arbres et arbustes de toute espèce, croissant en pleine terre sous le climat de la France centrale, sont offerts aux amateurs d’horticulture dans toute la perfection que peuvent leur donner les soins les plus assidus et les plus intelligents.

Après avoir esquissé les principes généraux qui régissent toute cette branche de l’horticulture, nous indiquerons séparément les détails relatifs aux pépinières d’arbres à fruit, et ceux qui ne concernent que l’éducation en pépinière des arbres et arbustes d’ornement.


Section 1re . — Choix et préparation du terrain.

Lorsqu’on crée une pépinière de quelque étendue, il doit presque toujours s’y rencontrer diverses natures de terrains ; on ne doit regarder comme absolument impropres à l’établissement d’une pépinière que les terres compactes et arides, formées d’argile pure ou de craie sans mélange ; hors ces deux conditions qui se rencontrent rarement partout où le débit des produits est assuré, une pépinière peut être formée avec avantage. Ceci s’applique aussi bien aux travaux du jardinier-marchand qu’à ceux du propriétaire qui, ayant à créer ou simplement à entretenir de vastes plantations quelle (lu’en soit la nature, trouvera toujours de l’avantage à joindre une pépinière à son domaine. Non seulement une terre riche et féconde, de première qualité, ne doit point être préférée pour une pépinière, mais encore elle doit être considérée comme essentiellement impropre à cette destination. Il en est des arbres comme des animaux ; s’il est vrai que dans la jeunesse une alimentation convenable leur assure un bon tempérament, il n’est pas moins certain qu’un arbre élevé en pépinière dans un sol trop fertile et transplanté ensuite dans un terrain moins riche pour y terminer sa croissance, languira, de même qu’un cheval nourri dans son premier âge avec trop de recherche et d’abondance, doit dépérir dès qu’il sera mis à un régime moins substantiel. Pour les arbres à fruits à noyaux une terre de fertilité moyenne, légère, peu compacte ; pour les arbres à fruits à pépins, une terre franche et profonde de 0m,40 à 0m,50, sont les plus convenables Si la terre avait des dispositions à retenir l’eau, elle devrait être assainie par des rigoles d’égouttement, et amendée avec du sable fin et des cendres de houille. Dans tous les cas, il importe qu’elle soit défoncée aussi profondément que le permet l’épaisseur de la couche de terre végétale. Ce défoncement ne saurait être opéré avec trop de soin ; tout en divisant la terre, on la nettoie le plus complètement possible des pierres de trop grosses dimensions, et des racines de plantes vivaces, telles que le chiendent, le liseron et les différentes espèces de patience, qui s’étendent avec une incroyable rapidité et dévorent la substance des jeunes arbres. Dans un travail de cette nature, nous ne pouvons trop le répéter, il y a économie à ne pas ménager la main-d’œuvre ; car rien n’est plus désagréable et plus dispendieux en même temps, que de voir percer, à travers les semis, des pousses de racines vivaces qui tuent le jeune plant si on les laisse, et qui pourtant ne peuvent s’arracher qu’en détruisant une partie des sujets obtenus de semis avec beaucoup de peine et de dépense.

Le sol, ainsi préparé est divisé en compartiments dont les uns, destinés aux premiers semis, sont choisis dans le meilleur terrain dont on dispose, et les autres, réservés pour les repiquages et transplantations, sont cultivés en légumes avec une fumure modérée, jusqu’à ce que les semis aient produit assez de plans pour les remplir.

Un terrain légèrement incliné au sud et à l’est, abrité du côté du nord, mais à une certaine distance de l’abri, est le plus favorable à l’établissement dune pépinière. Un terrain trop uni ne pourrait aussi facilement qu’une surface un peu accidentée, réunir, à proximité les uns des autres, des sols de nature diverse.

Les planches destinées aux semis peuvent être amendées selon le besoin avec une certaine quantité de marne ou de chaux ; jamais elles ne doivent recevoir une fumure d’engrais récent d’étable ou d’écurie, immédiatement avant les semis. Lorsqu’on juge à propos de faire alterner sur ces planches les semis d’arbres et d’arbustes avec une culture de légumes, dans le but d’appliquer à cette culture intercalée une fumure suffisante pour rétablir la terre que le plant fatigue beaucoup, il faut choisir les genres de légumes qui ne laissent pas de traces après eux, et exclure ceux qui, comme les pommes de terre et les topinambours, ne peuvent jamais être récoltés avec assez de soin pour qu’il ne reste pas en terre quelques tubercules dont, l’année suivante, la végétation dérange celle des semis.

La culture d’une pépinière n’exige aucun bâtiment qui lui soit spécialement consacré, si ce n’est un hangar pour mettre les instruments de travail à l’abri, et un cabinet pour la conservation des semences. Dans une pépinière complète, il est bon d’avoir un certain nombre de cloches et quelques châssis pour les semis et les boutures qui réussissent mal en plein air et en pleine terre. Un bassin, lorsqu’on dispose