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livre viii.
HORTICULTURE.

Toutes les semences légumineuses peuvent être semées en février, en terre sablonneuse et légère, mais profonde, parce que, durant leur premier âge, les racines du jeune plant pénètrent plus avant dans le sol que celles des arbres et arbustes des sections précédentes. Les semences légumineuses manquent rarement de lever, en sorte que le plant se trouve exposé à périr si les semis sont trop serrés ; elles doivent donc être suffisamment espacées entre elles, afin de ne pas se nuire ; il ne faut pas les enterrer à plus de 0m,02 de profondeur. L’époque critique pour le plant provenant des semences de celte section est le mois d’août, ou, comme disent les jardiniers, la sève d’août. Il arrive assez souvent que le plant des semences légumineuses, bien levé au printemps, perd ses feuilles en juillet et n’a pas la force d’aspirer la sève d’août ; on prévient ces accidents en sacrifiant, sans hésiter, une partie du plant levé, lorsqu’il paraît trop serré, et en donnant à celui qu’on laisse en place plusieurs binages dans les mois de juin et de juillet.

F. — Arbres et arbustes à petites semences molles.
Espèces. Époque de la maturité
Orme 
Juin.
Aune 
Novembre.
Peuplier 
Mai.
Saule 
Juin.
Syringa 
Octobre.
Ciste 
Septembre.
Rhus Cotinus 
Juillet.

Les semences de cette section étant mûres de très bonne heure, peuvent être semées aussitôt qu’on les récolte ; livrées à elles-mêmes, sans culture, elles donnent déjà du plant très vigoureux avant l’hiver. On doit suivre cette indication de la nature, excepté pour les variétés sensibles au froid, dont on retardera les semis jusqu’au printemps de l’année suivante. Ces semences veulent tout au plus être recouvertes d’un ou deux centimètres de terre.

§ III. — observations sur les semis de pépins et de noyaux.

Les semis sont le meilleur de tous les modes de reproduction des arbres et arbustes fruitiers en pépinière ; les autres modes sont inférieurs sous tous les rapports ; des motifs d’économie de temps et d’argent peuvent seuls les faire préférer dans beaucoup de circonstances, bien que ceux-là même qui les adoptent ne contestent pas la supériorité des semis. Mais tous ceux pour qui nous écrivons ne cultivent pas dans des conditions identiques ; il en est beaucoup pour qui les considérations d’argent ne sont que secondaires, et qui, véritables amateurs, tiennent surtout à faire le mieux possible ; ceux-là ne balanceront pas a semer constamment, même au delà de leurs besoins, car c’est seulement ainsi qu’on peut, soit conquérir de nouveaux fruits, soit perfectionner les anciens, source de continuelles jouissances pour l’horticulteur. Nous croyons donc devoir ajouter quelques conseils aux observations qui précèdent.

A. — Pepins.

Le plus grand nombre des sujets de poiriers et pommiers, livrés au commerce par les pépiniéristes, ne provient pas de semis ; les poiriers destinés à être conduits en espalier ou en quenouille sont greffés sur cognassier ; les sujets de cognassier pour greffer s’obtiennent de vieilles souches (il y en a de plus que séculaires) qui n’ont pas d’autres fonctions que de fournir constamment des rejetons qu’on leur enlève à mesure qu’ils se développent pour les repiquer en pépinière et les cultiver jusqu’au moment de les greffer ; on nomme ces vieilles souches des mères. On conçoit quelle différence de vigueur et de durée doit exister entre ces sujets donnés par des souches depuis si longtemps épuisées, et ceux que donneraient des semis de pepins ; c’est la vie qui s’éteint, comparée à la vie qui commence. L’amateur et même le pépiniériste marchand s’il comprend bien ses intérêts, doivent donc semer chaque année des pépins de coings, choisis parmi ceux des plus beaux fruits des plus belles variétés. Les jeunes sujets craignent peu le froid, il est d’ailleurs facile de les en préserver par une légère couverture de paille ; les semis peuvent donc sans inconvénient se faire en automne, aussitôt que les coings sont arrivés à parfaite maturité. Pour les localités exposées à des hivers rigoureux, on fera bien, autant que possible, de conserver les coings entiers jusqu’au printemps, et de semer les pepins immédiatement au sortir du fruit. Les sujets retarderont d’un an ou deux sur ceux que donnent les souches-mères ; ce n’est réellement un inconvénient que pour le pépiniériste qui commence ; au bout de quelques années, il s’établit une rotation qui permet d’avoir toujours assez de sujets à greffer pour les besoins de l’établissement, et ces sujets sont de beaucoup supérieurs à ceux des souches-mères. Pour les variétés en grand nombre qui reprennent difficilement sur cognassier et ne forment jamais par ce procédé que des arbres défectueux, nous recommandons de semer une grande provision d’épine-blanche, sur laquelle tous les poiriers sans exception donnent, parla greffe, des arbres de la plus belle venue et de la plus grande durée.

Quant aux pommiers, rien ne peut jusqu’à présent remplacer, pour les arbres nains, les doucains, et les paradis, ce sont encore les meilleurs sujets pour les arbres qu’on se propose de tailler en quenouilles peu élevées ou bien en contre-espalier, à 1m,30 ou 1m,50 au plus de hauteur ; à la vérité ils durent peu, mais ils produisent promptement et ne s’emportent jamais. Pour tous les arbres en grandes quenouilles, en grands espaliers et à haute tige ou en plein-vent, les sujets obtenus de semis sont préférables.

On ne sème guère que les pépins des poires et pommes qui ont servi à faire du cidre ; ces