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Page:Maison rustique du XIXe siècle, éd. Bixio, 1845, V.djvu/99

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titre iii.
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PÉPINIÈRES D’ARBRES FRUITIERS.


piniéristes du midi qui depuis quelques années lui consacrent de grands espaces. On le multiplie exclusivement, au moyen de ses drageons toujours très nombreux. Ils s’élèvent presque seuls en pépinière ; ils craignent seulement, durant leurs premières années, l’excès delà sécheresse qu’ils bravent quand ils ont pris le dessus ; on les greffe en flûte ou en fente, en pépinière, à 2 ou 3 ans ; ils peuvent être mis en place l’année qui suit celle où ils ont reçu la greffe.

H. — Amandier.

Les sujets d’amandier à fruit doux, à coque dure et à coque tendre, connu sous le nom d’amande princesse, disparaissent des pépinières de nos départements méridionaux. Quoique le climat ne paraisse pas avoir sensiblement changé, l’amandier en Provence a pour ainsi dire cessé d’être productif. Le proverbe dit : Amandier fleuri en février, se récolte sans panier. Ce n’est plus maintenant en février, c’est dès la fin de janvier que l’amandier fleurit en Provence, et quoiqu’il y gèle à peine sur le littoral, le vent sec et froid du nord-ouest (mistral), qui règne en cette saison, permet rarement à la fleur de nouer. On a proposé de considérer désormais l’amandier comme arbre forestier et de le soumettre tous les trois ou quatre ans à la taille, pour provoquer l’émission de branches propres à faire des fagots, comme le saule et les têtards do peuplier. Le peu de fruit qu’on pourrait avoir accidentellement dans l’intervalle ne coûterait rien, la rente du sol étant payée par les fagots. Nous ne mentionnons ici cet arbre que pour engager les pépiniéristes du midi, jaloux de se distinguer dans leur profession, à essayer par les croisements hybrides de créer une variété qui fleurisse seulement 15 ou 20 jours plus tard. Celui qui pourrait doter la Provence d’un amandier tardif aurait bien mérité de nos contrées méridionales, où l’on renonce généralement à la culture d’un arbre qui ne rapporte plus que par hasard.



CHAPITRE III. — Pépinières d’arbres et d’arbustes d’ornement.

Après avoir donné aux pépinières d’arbres fruitiers la première et la principale place, (jui leur appartient en raison de leur importance économique, nous avons à nous occuper de la culture en pépinière des arbres et arbustes d’ornement. On peut considérer à la rigueur comme arbres d’ornement dans le vrai sens du mot, les arbres forestiers et les arbres d’alignement qui tous peuvent concourir à la décoration des grands jardins paysagers. Néanmoins, pour ceux qui se cultivent principalement comme arbres forestiers dans le but d’utiliser leur bois, nous renvoyons ta ce qui a été dit de leur culture en pépinière dans le 4e vol. p. 1re et suivantes.

Le pépiniériste placé à portée d’une grande ville, dont les environs sont décorés d’un grand nombre de jardins paysagers doit, pour se tenir en mesure de fournir aux demandes des nombreux amateurs de cette partie si intéressante de l’horticulture, réunir dans sa pépinière, sinon la totalité, du moins la majeure partie des genres, espèces et variétés propres au climat sous lequel il cultive. Nous avons divisé ces végétaux par groupes formés d’arbres et arbustes qui, bien qu’appartenant à des genres plus ou moins éloignés les uns des autres, botaniquement parlant, doivent se trouver ensemble dans la pépinière, parce qu’ils se multiplient par les mêmes procédés, qu’ils réclament les mêmes soins de culture, et se plaisent dans les mêmes terrains. Classés de cette manière, les arbres et arbustes d’ornement forment dans la pépinière six divisions principales.

Arbres et arbustes :
De terre de bruyère ;
A feuilles persistantes ;
A fleurs odorantes ;
Aimant le bord des eaux ;
A tiges sarmenteuses ou grimpantes ;
Arbustes de collection.


§ 1er. — Arbres et arbustes de terre de bruyère.

Les végétaux compris dans ce groupe pourraient, pour la plupart, vivre et croître jusqu’à un certain point sans le secours de la terre de bruyère ; mais ils ont pour cette terre une telle prédilection, que quand le pépiniériste ne peut se procurer de la terre de bruyère naturelle, il doit, pour cultiver ces végétaux avec succès, leur donner les composts qui en reproduisent le mieux les propriétés (voir Composts, p. 14).

Nous donnons ici en faveur des amateurs auxquels il serait trop difficile de se procurer de la terre de bruyère, la recette suivante due à M. Vibert, qui en recommande l’usage pour les rosiers Bengale et Noisette cultivés en pots ; elle peut servir pour bien des végétaux de terre de bruyère ;

Terreau consommé 
 10
litres.
Sable fin siliceux 
 10
Poudrette 
 5
Bonne terre a blé 
 20
On passe toutes ces substances au crible fin, après les avoir mélangées exactement. On ajoute au mélange, mais seulement au moment de s’en servir, quinze litres de mousse séchée au four et hachée aussi fin que possible. La décomposition très lente de la mousse s’oppose au principal inconvénient des composts destinés à remplacer la terre de bruyère, défaut qui consiste à devenir excessivement compactes, pour peu qu’on néglige de les arroser.

Les arbres et arbustes de terre de bruyère passent l’hiver dehors, moyennant quelques précautions ; ils sont par conséquent tous de pleine terre. En Belgique, nous les avons vus,