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Fig. 250

épée dans lequel tourne le porte-soc, placé au-dessus d’une semelle C en fer fondu qui tient lieu de sep ; — L’oreille plane mobile qui se fixe dans une cavité du soc-coutre et contre les mancherons E de la manière ordinaire ; — F, age ; — G, avant-train avec son timon d’attelage, ses deux roues de diamètre égal et sa sellette.

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§ iii. — Charrues à versoirs mobiles.

M. de Beaupré, propriétaire à Fontaines, près Lyon, a adapté à l’une de ses charrues deux versoirs mobiles en fer, l’un appelé de droite et l’autre de gauche, qui se fixent alternativement par une tringle en fer, tournant sur un pivot entre le sep et la flèche ; cette tringle est armée de deux bras recourbés ; ils servent à fixer par leur extrémité l’ouverture du versoir, qui ensuite reçoit un crochet qui achève de lui donner toute solidité. M. Gariot, l’un des membres les plus éclairés de la Société d’agriculture de Lyon, qui s’en est servi assez récemment sur un sol argilo-caillouteux, a fait connaître les résultats suivans : l’entrure avait 12 po., le timon avait 7 pieds de long du joug à la chaîne du régulateur ; l’attelage se composait de deux vaches de moyenne taille et d’une force ordinaire ; elles ont marché avec facilité en traçant des sillons de 7 à 8 po. de profondeur, et tournant complètement une tranche de terre de 5 à 6 po. de large, qui a toujours laissé une raie bien nette et bien égale. « Cependant, dit-il, cette charrue, qui me fit le plus grand plaisir par la bonté de son labour, en raison du faible attelage, me fit éprouver quelque peine par la seule manœuvre de ses deux versoirs mobiles, attendu que, pendant que je traçais le sillon de droite, il fallait que le versoir de gauche fût placé et arrêté par un crochet à l’age de la charrue, et quand je revenais sur le sillon de droite pour tracer celui de gauche, il fallait mettre sur la charrue le versoir de droite, et ainsi de suite, ce qui ne laisse pas, après trois ou quatre heures de travail, de fatiguer le laboureur et de lui faire perdre du temps. » Le soc, qui est tranchant, se retourne aussi à chaque sillon. Malgré ces légers inconvéniens, qui sont bien loin d’entraîner une perte de temps équivalente à celle que nécessite, pour certains labours, l’emploi des charrues à oreilles fixes, la charrue Beaupré paraît être une fort heureuse innovation.

L’un de nous (M. Molard), qui avait été souvent à même d’apprécier les avantages de la petite charrue Hugonet dans les terrains montueux et rocailleux du Jura, malgré l’imperfection bien sentie de son versoir, a cherché à lui en substituer un autre, ou plutôt deux autres, d’une forme meilleure, et tellement disposés qu’on put éviter le déplacement à la main de l’oreille, déplacement indispensable dans les exemples précédens.

Fig. 251

La charrue Hugonet modifiée (fig. 251) diffère donc de la précédente, en ce qu’elle porte deux versoirs concavo-convexes, fixés par un boulon leur servant d’axe près du soc, de manière qu’aussitôt que l’un des versoirs est abaissé pour fonctionner, l’autre se trouve élevé au moyen d’une chaîne passant sur une roue dentée, dont l’axe porte un coude de manivelle ; — chaque bout de la chaîne est fixé au bord inférieur et postérieur du versoir.