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AGRICULTURE : DES LÉGUMINEUSES À SEMENCES FARINEUSES.


se récoltent fort souvent avant la moisson de l’été suivant. — Celles que l’on sème dans le courant de l’hiver ou du printemps occupent le sol jusqu’en septembre ou octobre. Dans quelques pays, on les coupe à la faucille ou à la faulx, on les lie en petites gerbes après les avoir laissées quelques jours en javelles, la graine en haut, et on les dispose en meules. — Dans d’autres, on les arrache par poignées. — Presque partout on les bat au fléau, soit en plein champ aussitôt après leur maturité, soit en grange pendant l’hiver.

Le produit en grain des fèves est tout aussi variable que celui de la plupart des autres plantes cultivées. — Dans le Midi, ou l’on détruit à la vérité une quantité considérable de gousses vertes pour la consommation des pauvres et des riches, vers le mois de juin, le battage des gousses sèches donne rarement au-delà de quatre fois la semence. — Ailleurs, avec une culture en ligne soignée, il n’est pas rare de voir doubler ce produit. — Robert Brown regarde 32 hectolitres par hectare, comme le produit moyen de ses récoltes sur un loam de bonne qualité. Ce résultat me semble un des plus heureux qu’on puisse atteindre dans la grande culture.

Section ii. — Des Haricots

De toutes les semences farineuses, après les blés et souvent à côté des blés, les haricots sont sans nul doute une des plus généralement utiles et dont les usages économiques ont le moins besoin d’être rappelés. Aussi sont-ils devenus, partout où le climat favorise leur production, soit dans les champs, soit dans les jardins, l’objet de cultures fort importantes.

§ 1er . — Espèces et variétés.

Dans le genre Haricot (Phaxeolus) ; en angl., Kidneybean ; en allemand, Schminkbohne, et en italien, Fagiuolo (fig. 578), on remarque quelques espèces reconnues comme telles par les botanistes, et un très-grand nombre de variétés et de sous-variétés plus ou moins fixes, dont je crois ne devoir indiquer ici que celles qui ont ou peuvent avoir quelque mérite dans la grande culture.

Les caractères du genre sont, d’après M. De Candolle, un calice à 2 lèvres, dont la supérieure échancrée et l’inférieure à 3 dents ; — une carène et des organes sexuels contournés en spirale ; — des gousses oblongues, à plusieurs grains.

Les cultivateurs divisent les haricots en haricots à rames et haricots nains : les premiers ne pouvant soutenir leurs longues tiges sans appui ou sans ramper à la surface du sol ; — les autres qui supportent plus ou moins bien leurs tiges par eux-mêmes. Toutes les variétés qui composent ces deux groupes semblent appartenir à l’espèce commune. A côté de celle-ci il en existe quelques autres dont deux seulement me semblent devoir trouver place dans ce traité : le haricot de Lima et celui à bouquets.

I. Haricots à rames.
A. À grains blancs.

1. Le Haricot blanc commun. — Il a des cosses longues de 5 à 6 pouces, légèrement recourbées, a parchemin coriace, et contenant 7 ou 8 grains qu’il est très-facile de confondre à la vue avec ceux de Soissons, mais dont la qualité est cependant inférieure.

2. Le Haricot de Soissons (fig. 579) ne paraît être qu’une sous-variété locale de la précédente. Ses cosses acquièrent communément un peu plus de largeur ; — ses grains sont le plus souvent d’un blanc plus brillant. Cultivé hors des terrains dans lesquels il a acquis sa réputation, il dégénère plus ou moins promptement. De tous les haricots c’est le plus estimé, en sec, sur les marchés de Paris.

Fig. 579.

3. Le Haricot de Liancourt est aussi une sous-variété du no 1. — Ses grains sont un peu plus gros, moins plats et à peau un peu plus dure.

4. Le Haricot sabre ; — sabre d’Allemagne (fig. 580), est de moyenne grosseur. Cette race, remarquable par l’abondance de ses produits, l’est aussi par leur qualité. Ses cosses larges et longues sont fort bonnes en vert ; elles le sont encore alors qu’elles contiennent des grains déjà fort gros. Enfin ces derniers, nouveaux ou secs, valent ceux de Soissons.

Fig. 580.

5. Le Haricot blanc commun hâtif ; mignon blanc, n’est point aussi précoce que pourrait l’indiquer son nom. Il est petit, d’un très-grand produit, rame moins haut que les précédens. — Ses jeunes cosses sont bonnes en vert ; — ses grains secs, d’un excellent goût.

6. Le Haricot Prédome (fig. 581) est sans