Page:Maison rustique du XIXe siècle, éd. Bixio, 1844, I.djvu/459

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fait toit et empêche la pluie de pénétrer dans l’intérieur. On les laisse dans cet état jusqu’au moment de s’en servir. Ils se conservent ainsi assez bien jusqu’au printemps suivant. Les Anglais appellent ces tas des pâtés. Ils les font larges et hauts de 4 pieds environ, et aussi longs que la quantité de navets l’exige. On entame le pâté par un bout, et on continue ainsi jusqu’à la fin. C’est à peu près la même méthode que celle employée dans les marshlands du Lincolnshire pour conserver les pommes-de-terre.

Quand on veut faire manger les navets sur place, on est obligé d’avoir des claies, afin d’empêcher les animaux de vaguer à travers le champ, et de gâter plus de nourriture qu’ils n’en consommeraient. Ces claies maintenant sont dans beaucoup d’endroits en fer laminé et d’une grande économie. On commence par faire manger les feuilles ; ensuite on retourne, avec la charrue, autant de rangées de navets qu’on en croit nécessaires pour la nourriture journalière du nombre d’animaux ; on environne de claies la place, et on y enferme les bestiaux. Comme ils n’ont que la quantité suffisante pour leur consommation, tout est mangé et il n’y a point de perte ; on recommence cette opération tous les jours, jusqu’à ce que toute la récolte du champ soit consommée.

Le plus ordinairement, on fait manger la moitié de sa récolte sur place et on arrache l’autre moitié ; dans ce cas, la plupart des fermiers enlèvent trois ou quatre rangées de navets et laissent successivement le même nombre de rangées en terre, de manière que le champ tout entier, quoique dépourvu de navets dans la moitié de sa surface, puisse être successivement parqué par les animaux, et profiter également partout des excrémens et de l’urine que ceux-ci répandent.

Quand, avant l’époque présumée de leur consommation, on a à craindre, pour les navets qu’on laisse ainsi en terre, la gelée, qui les détériorerait et les ferait même pourrir, on les recouvre, avec la charrue, d’une couche de terre qu’on prend, pour la rangée du milieu entre les rangées latérales, et pour celles-ci dans les intervalles dégarnis déjà de navets. On peut même conserver les navets ainsi pendant tout l’hiver, pour ne les faire consommer qu’au printemps.

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§ v. — Des ennemis et des maladies des navets.

A peine les feuilles sortent-elles de terre, qu’elles sont attaquées et dévorées par divers petits animaux, par des altises, principalement la bleue, que nous avons représenté (tome II, fig. 2, page 5) (the fly des Anglais), par les pucerons, par les limaces, et plus tard par les larves d’un petit papillon (le papillon blanc du chou), par celle d’une tenthrède, et par une mouche (la mouche des racines), qui dépose dans la bulbe un œuf d’où sort une larve qui perfore le navet. C’est le premier de ces insectes qui est le plus dangereux, et c’est particulièrement de sa destruction que l’on s’est occupé en Angleterre. Un grand nombre de moyens ont été successivement vantés ou mis en usage dans ce but. Malheureusement, ils ont été insuffisans pour la plupart, ou inapplicables dans la culture en grand. Un seul me paraît pouvoir être de quelque utilité. Il est dû à M. Poppy, et consiste à semer les turneps en rangées épaisses et en rangées clair-semées, et cela dans le but de détourner les attaques des insectes des rangées clair-semées destinées à être récoltées. — Un journal belge a rapporté en 1824 des expériences faites en Belgique, desquelles il résulterait que l’altise est propagée dans le sol par des œufs accolés aux graines, qu’on peut détruire en trempant ces graines pendant quelques heures dans une forte saumure (voy. tome II, page 5).

Quant aux autres ennemis des navets, on n’a pas trouvé de moyen efficace de les détruire.

La rouille et la nielle attaquent les navets à différentes périodes de leur croissance, et cette croissance en souffre beaucoup ; il n’est d’autre moyen connu de les prévenir que celui d’une bonne culture dans des terrains bien assainis et bien meubles. Les racines sont sujettes à croître d’une manière extraordinaire, à se couvrir de tubérosités comme les pommes-de-terre. Dans les temps chauds, on peut s’apercevoir de cette maladie à l’état des feuilles, qui deviennent flasques. Si on entame la substance de ces racines, elle est semblable à celle d’un navet sain ; mais le goût en est âcre, et les moutons les laissent de côté. On reconnait pas la cause de cette maladie, qu’on croit due à la piqûre d’un insecte. — Les racines du navet, et le tubercule lui-même, sont encore affectés d’une espèce de chancre qui les détruit en partie ; on ignore la cause de cette maladie, qui parait moins fréquente dans les champs amendés avec la chaux. Huzard fils.

Section iii. — De la carotte et de sa culture.

Aucune racine n’a plus d’utilité que celles de la carotte pour l’alimentation du bétail de toute espèce : les chevaux les préfèrent à toute autre. L’huile essentielle qu’elles contiennent les rend un peu excitantes et leur donne beaucoup d’analogie avec l’avoine. D’après beaucoup d’expériences comparatives, A. Young a constaté leur supériorité sur le grain et sur les pommes-de-terre pour l’engraissement des cochons. Mais il faut pour cela qu’elles aient été cuites. M. Biot pense que la cuisson a pour résultat de rompre les tégumens qui emprisonnent la substance nutritive, et de la faire profiter en totalité à l’alimentation, résultat que ne peuvent effectuer que partiellement les organes des animaux.

Les vaches à lait se trouvent très-bien de la nourriture dont les carottes forment la base ; cette plante a la propriété de donner au beurre, même en hiver, cette belle teinte jaune que les acheteurs regardent, à tort ou à raison, comme un indice d’une excellente qualité.

D’après Hermbstaedt, 100 parties de racines de carottes contiennent :

80,00 eau ;

6,00 mucilage saccarin ;

l,75 mucilage gommeux ;

1,10 albumine ;