Page:Maison rustique du XIXe siècle, éd. Bixio, 1844, II.djvu/142

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la plantation, on ne laissera, lors de la pousse, que deux bourgeons à chaque bout de branche, en préférant toujours ceux qui sont en dehors et dans un sens opposé l’un à l’autre. Ensuite on visitera souvent les arbres pour retrancher, chaque fois, les pousses inutiles ou mal placées. Il ne faut rien semer dans le terrain qui est autour du pied des jeunes arbres, mais il faut le biner trois fois ou tout au moins deux fois dans le courant du printemps et de l’été, ce qui devra se renouveler tous les ans de la même manière. — Lors de la deuxième année, on donne, dans le courant de l'hiver ou au plus tard dans le commencement de mars, un bon labour autour des mûriers, dans toute l'étendue du trou où ils ont été plantés, et ce labour devra être répété tous les ans à la même époque. Dans le même temps on visite les liens d’osier qui fixent chaque arbre à son tuteur; on renouvelle tous ceux qui pourraient le trop serrer ou n’être pas solides. Quant à la taille, on coupe à une hauteur convenable les pousses de la première année, toujours près des yeux, en ayant soin de ne raccourcir que les jets vi- goureux et de laisser intacts ceux qui sont faibles. Lorsque les arbres commenceront à pousser, on les gouvernera comme il a été dit pour la première année. — A la troisième et à la quatrième année, la taille continue à se faire au mois de mars, d’après ce qui vient d’être dit, et elle doit être faite de manière à donner aux arbres une forme agréable à la vue et en même temps commode, c’est-à-dire que leur tête doit être vide en dedans et bien garnie tout autour. — Règle générale, il ne faut jamais pratiquer la taille lorsqu’il pleut, ni, lorsqu’on l’exécute, appuyer d’échelle sur les jeunes arbres, encore moins grimper dessus, parce que les secousses qu’on leur donnerait se- raient très-nuisibles. Ou doit toujours, jusqu’à ce que les mûriers soient très-forts, se servir d’une échelle double. L' "échelle-brouette", re- commandée et figurée d’abord par le comte Verri et ensuite par M. Boafous et autres, m’a paru manquer de solidité et ne pouvoir être employée que lorsqu’elle est réduite à de petites dimensions.

C’est une mauvaise méthode d’abandonner les mûriers adultes à eux-mêmes, comme on le fait dans quelques cantons, parce que les arbres donneni alors des feuilles plus petites, en moindre quantité, et surtout plus difficiles à cueillir, ce qui est un grave inconvénient, parce que cela augmente les frais de la cueillette, tout enen diminuant le produit. Celaa de pi us un autre inconvénient, c’est que ces arbres rapportent beaucoup plus de fruits, lesquels sont, non seulement nuisibles au produit de la feuille, mais sont encore une cause d’allération pour la litière que les vers laissent après avoir mangé, ce qui peut être pour eux une cause de maladie. La taille, au contraire, rend les feuilles plus abondantes, plus grandes et bien plus faciles à récolter ; mais, dans tous les pays où elle est pratiquée, elle ne s’exécute pas de la même manière. Tous les 3 à 4 ans, dans certains pays, on rabat toutes les branches secondaires pour ne laisser que les mères-branches, qui donnent alors des pousses vigoureuses dont les feuilles sont très-larges et dont la cueillette est tics-facile ; MURIER ET DE SA CULTURE. uv n,

mais on reproche aux feuilles venues sur les mûriers après cet émoudage d’être trop aqueuses et de ne pas fournir aux vers une nourriture de bonne qualité. Cet ébranchemcnt, renouvelé ainsi tous les 3 à 4 ans, nuit surtout à la durée des arbres, et, dans les lieux où cet usage existe, les plantations de mûriers dépérissent ïrès-proraptement. II parait donc prélérable de tailler ces arbres tous les ans et de le faire selon des règles reconnues les meilleures. Ainsi, la taille a laquelle on soumet chaque année les mûriers, après qu’ils ont été efleuillés pour la nourriture des ers-à-soie, doit avoir pour but : 1- de décharger les arbres des branches mortes et de celles qui auront pu être cassées et endommagées parle cueilleur ; 2^ de retrancher les branches d’une végétation trop faible et celles (jui, placées dans l’intérieur de l’arbre, l’empêcheraient d’être convenablement évasé ; 3’^ d’arrêter les branches qui poussent trop vigoureusement, surtout dans la partie supérieure des arbres, afin de s’opposera ce qu’ils s’élèvent outre-mesure : 4° de raccourcir les branches qui paraîtraient vouloir s’étendre horizontalement , et de supprimer celles qui sont pendantes ; 5’ de replacer dans leur situation naturelle celles qui auraient pu être forcées pendant le cueillage.

On ne doit employer pour la taille que dus ouvriers adroits, qui se serventd’uneserpelte bien tranchante ou du sécateur. Il ne faut pas surtout la confier aux fermiers, auxquels on serait convenu de laisser h ; produit de l’élagage, parce que ces gens là ne voyant que la perle que leur occasione l’ombre des arbres, cherchent à s’en dédommager en leur faisant couper beaucoup de bois. A ce qui vient d’être dit, il faut ajouter que pour avoir de beaux mûriers on ne doit jamais les effeuiller en automne pour en nourrir les bestiaux ; ou doit attendre que la feuille tombe d’ellemême. Il faut aussi bien se garder de faire ensemencer autour du pied des mûriers, mais tenir au contraire cette partie constamment en labour.

Le bois qui provient de l’émondage ou de la taille est très-utile dans les Cévennes pour chauffer les fours, les fourneaux, etc., d’après ce que nous a fait connaître M. Oct. dje Cua-PELAiiv, propriétaire-cultivateur dans les Cévennes, qui nous a adressé de fort bons documens sur le mûrier.

Après tous ces soins, il ne reste plus qu’à Jumer les mûriers : c’est ce qu’on fait ordinairement tous les 3 à 4 ans ; outre les engrais ordinaires, la litière des vers-à-soie qu’on a laissée pourrir pendant quelque temps, est très-propre à servir de fumier, et les arbres se trouvent ainsi fertilisés par leur propre dépouille.

§ VI.— Cueillette des feuilles.

La cueillette des feuilles exige des soins qu on ne lui donne pas toujours ; ainsi il ne faut pas laisser la moindre feuille sur les arbres, car s’il en reste sur quelques branches, la sève y est attirée au détriment de celles qui sont dépouillées. Les jeunes mûriers doivent être dépouillés les premiers, afin (ju’ils aient plus de temps pour pousser