Page:Maison rustique du XIXe siècle, éd. Bixio, 1844, III.djvu/152

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la plus longue ; bien peu de vers n’y emploient que 24 heures, beau- coup ne l’achèvent qu’en 30 heures et même plus. § vi. — Cinquième âge. Comme nous avons toujours supposé jusqu’à présent, pour la facilité de l’explication, que toutes les mues se faisaient régulièrement et sans retard, nous dirons que le 7e jour du 4e âge étant passé, les vers ont opéré leur 4e mue et qu’ils sont entrés dans leur 5e âge. Si on les examine alors, on les trouve Fig. 138. entièrement changés et presque méconnaissables ; ils ont 20 à 22 lignes de longueur ( fig. 138), et pèsent 14 à 17 et même jusqu’à 20 grains ; leur peau est presque partout blanchâtre tirant à la couleur de chair, sans taches, mais elle paraît comme recou- verte d’une poudre très fine. Telle est la couleur la plus ordinaire des vers ; cependant on rencontre presque toujours, dans une éducation un peu nom- breuse, quelques vers qui diffèrent d’une manière très sensible de ceux qui viennent d’être décrits ; ces vers, au lieu d’être blanchâtres, sont d’un gris foncé et presque noirâtre, avec peu ou point de taches blanches. Au reste, à l’époque dont il est question, on voit dans tous les vers, d’après la couleur de leurs 8 pattes postérieures, quelle sera la couleur de la soie qu’ilsfileront;cespattessontjaunespourlasoie de cette couleur, et blanches si le fil de l’insecte est blanc. Déjà, pendant le 4e âge, ces signes de la couleur future de la soie pouvaient être entrevus, mais ils sont beaucoup plus distincts au commence- ment du 5e. Aussitôtquelesversontfaitleur4emue,onleschange de tablettes en les espaçant toujours davantage. C’est alors aussi qu’il faudra avoir ample provision de feuilles, car la consommation que les vers vont en faire pendant leur 5e âge sera énorme ; elle devra être au moins 4 fois plus considérable qu’elle n’a été pendant tous les âges précédents, puisque les quantités que nous avons annoncées précédemment ne se montent encore qu’à 300 et quelques livres, et que plus de 1400 vont leur devenir nécessaires. La place que les vers occupent sur les tablettes et la quantité de feuilles qu’ils mangent dépendent essentiellement de leur nombre, et ce nombre lui- mêmeestsoumisàl’étatdesantédesvers,qui dépend non seulement des bons soins apportés dans l’éducation, ce dont, il est vrai, on est toujours maître, mais plus encore sans doute de l’état de l’atmosphère extérieure dont il est toujours très difficile, pour ne pas dire impossible de modifier les influences à l’intérieur de l’atelier. On voit donc d’après cela au’il est difficile de prévoir la quantité de vers qu’on perdra dans le courant d’une éducation ; car, quelque heureuse qu’elle puisse être, il mourra toujours des vers par une cause ou par l’autre. dandoLo, sous le rapport de la conservation, paraît avoir obtenu des succès inconnus avant lui ; mais on serait probablement dans l’erreur si l’on croyait qu’il fût facile d’arriver toujours aux mêmes résultats que lui. La preuve en est que même en ne faisant que des éducations peu nombreuses, et dans lesquelles par conséquent, toutes chances égales d’ailleurs, il est plus facile d’obtenir des succè, cependant on va voir par le tableau que nous allons donner des résultats de 39 éducations, combien le produit en a été variable. Dans 7 éducations nous avons eu perte de 1/2 3 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . des 2/5 13 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . des 1/3 8 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . des 1/4 4 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . des 1/5 1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . des 1/6 1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . des 1/7 1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . des 1/8 1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . des 1/9 D’après cela, lorsqu’on procède par 10 onces de graine, par exemple, la quantité de vers à loger et à nourrir pendant le 5e âge, pourra varier de 10 à 50 et même à 100 mille, si la perte totale doit être d’l/5e, d’1/4, d’1/3 ou même de moitié, ce qui, dans les grandes éducations, est ce qui arrive le plus souvent. Il est donc très difficile de pouvoir peser la quantité de feuilles donnée à chaque repas aux vers pendant toute une éducation. Si on le fait, ce ne peut être qu’un objet de curiosité pour se rendre compte de ce que les vers ont consommé dans telle ou telle éducation, mais cela ne pourra pas servir rigoureusementpouruneéducationpostérieure, parce que, si elle était moins heureuse, les vers auraient du superflu, et dans le cas où elle serait plus prospère, les vers n’auraient pas assez de nourriture. Qu’on se borne donc, en délitant les vers au commencement du 5e âge, à les espacer convenablement surlestablettesdemanièreàcequ’ilsn’ysoientpas gênés, et qu’on leur donne de la feuille 5 fois par jour, en les en couvrant largement au moment de chaque distribution. Comme, à cette époque de leur existence, ils font beaucoup de litière, il faut les changer de place le 4e et le 7e jour, toujours en élargissant l’espace, de manière que les vers d’une once de graine pourront occuper successivement 150, 200 et 250 pieds carrés. Au fur et à mesure qu’on délite les vers, on doit procéder au nettoiement des tablettes et des claies. Chaque jour on s’aperçoit alors des progrès que font les vers ; on les voit pour ainsi dire croître àvued’œil.Le5e,le6e etle7e jourdu5e âgesontle tempsdelagrandefrèze,ouceluioùlesversmangent le plus ; ils ont alors une faim dévorante, ils font en mangeant un bruit que l’on a comparé à celui d’une forte pluie. Il est bon à cette époque de leur

CHAP.7e SOINS À DONNER AU VERS À SOIE 139 donner un 6e repas. Après cela l’appétit des vers commence à diminuer, et le 8e et le 9e jours, ils sont parvenus à leur plus grand développement ;