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chap. 2e.
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ARBRES ET ARBUSTES FORESTIERS INDIGÈNES.


nablement défoncé et labouré le sol. — Si l’on n’était pas trop pressé par le temps, il serait sans nul doute avantageux d’adopter un assolement de trois ou quatre ans analogue à ceux dont on fait usage sur les défrichemens et dans lesquels l’avoine et les blés alternent avec des racines alimentaires qui exigent de fréquens binages et des buttages.

Dans quelques parties de l’Angleterre, d’après Sang, lorsqu’on veut améliorer le terrain appauvri d’une pépinière, au lieu de le fumer pour lui confier directement des graines forestières, on profite de l’engrais répandu pour obtenir une première récolte de plantes potagères ou fourrageuses. On a remarqué que les fèves, les pois, les ognons, les choux, les raves et particulièrement les laitues, sont en pareils cas les meilleures cultures intercalaires. — La conséquence nécessaire de cette excellente coutume est d’interrompre de loin à loin la succession des végétaux ligneux.

Le même auteur a, je crois, entièrement raison, lorsqu’après avoir recommandé de choisir pour l’emplacement d’une pépinière de petite étendue un terrain qui puisse être partiellement et alternativement occupé par des cultures de jeunes arbres et de légumes, il ajoute que c’est un moyen à la fois sûr et profitable de faire prospérer les unes et les autres.

Dans l’état actuel de nos connaissances, il serait difficile de dire précisément quels arbres doivent se succéder de préférence, quoiqu’il soit bien démontré que tous ne réussissent pas aussi bien les uns après les autres. — Il en est, comme le chêne, qui paraissent nuire assez généralement aux cultures qui leur succèdent ; — d’autres, comme l’ormeau, qui semblent détériorer beaucoup moins le sol. — Quelques-uns réussissent assez bien, même dans les terres usées ; — quelques autres ne prospèrent au contraire que dans des terres neuves ou renouvelées, et je connais tel pépiniériste, habile observateur, qui attribue surtout à l’application suivie d’une telle remarque le succès complet de ses boutures de cognassier.

La théorie et l’observation tendent également à faire croire que, pour l’assolement des pépinières, il est avantageux,comme pour celui des champs, d’avoir égard aux rapports naturels des végétaux ; — d’éloigner le plus possible sur le même terrain le retour des mêmes espèces, des mêmes genres, des mêmes familles ; — de faire succéder les petits aux grands arbres ; — les essences à racines traçantes à d’autres essences à racines pivotantes ; — de changer successivement la destination de chaque carré, de manière que les transplantations fassent place aux repiquages, et ces derniers aux semis, etc., etc.

Du reste, cette partie de la science du pépiniériste est encore peu avancée. Je craindrais de rencontrer trop d’exceptions si je cherchais à déduire de faits épars et particuliers des principes ou trop généraux ou trop précis. Un ouvrage de pratique doit finir là où commence le doute.

Oscar Leclerc-Thouin.

CHAPITRE II. — Des arbres et arbustes forestiers.

La plupart des arbres qui entrent dans la composition des forêts de la France sont à peu près connus de tout le monde ; aussi croyons-nous inutile de reproduire la figure de toutes les espèces. Ce qu’il importe surtout à l’agriculteur praticien, c’est d’apprendre quel est le terrain et l’exposition qui conviennent à chacune des essences, la manière de les multiplier, l’emploi qu’on peut faire de leur bois, de leurs feuilles, de leur écorce, etc.; ce qui sera traité tant dans ce chapitre que dans les suivans, et dans le livre consacré aux Arts agricoles.

Les arbres résineux, qui sont appelés peut-être à repeupler les forêts de la France et à couvrir de leur ombrage une foule de terrains vagues, en pente ou aujourd’hui sans valeur, seront l’objet de notre attention particulière.

Enfin, un certain nombre des plus beaux arbres forestiers de l’Amérique septentrionale et de quelques autres pays, qui pourraient être introduits si avantageusement dans notre économie forestière, seront décrits et figurés avec soin.

F. M.


Section 1re . — Arbres et arbustes forestiers indigènes.
Art. ier. — Arbres à feuilles caduques.
§ 1er . — Arbres des terrains secs.

1. ALIZIER (en latin Cratœgus). Arbre ayant beaucoup de rapport avec les sorbiers et les poiriers.

Fig. 34.

L’Alizier commun ou Allouchier (C. aria Lin. ; en anglais, Whitebeam-tree ; en allemand, Mehlbeerbaum ; en italien, Bagolaro) (fig. 34) s’élève dans nos parcs et nos jardins à 30 pieds environ ; son tronc a 3 ou 4 pieds de tour ; mais dans les Alpes et sur les hautes montagnes, il n’atteint pas à d’aussi fortes