Page:Maistre - Les Soirées de Saint-Pétersbourg, Pélagaud, 1854, I.djvu/42

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nement du monde moral. Mais je vous avertis, M. le comte, il pourrait bien vous arriver, comme à la sultane Schéerazade, de n’être pas quitte pour une soirée : je ne dis pas que nous allions jusqu’à mille et une ; il y aurait de l’indiscrétion ; mais nous y reviendrons au moins plus souvent que vous ne l’imaginez.

LE COMTE.

Je prends ce que vous me dites pour une politesse, et non pour une menace. Au reste, messieurs, je puis vous renvoyer ou l’une ou l’autre, comme vous me l’adressez. Je ne demande ni n’accepte même de partie principale dans nos entretiens ; nous mettrons, si vous le voulez bien, nos pensées en commun : je ne commence même que sous cette condition.

Il y a long-temps, messieurs, qu’on se plaint de la Providence dans la distribution des biens et des maux ; mais je vous avoue que jamais ces difficultés n’ont pu faire la moindre impression sur mon esprit. Je vois avec une certitude d’intuition, et j’en remercie humblement cette Providence, que sur ce point l’homme SE TROMPE, dans toute la force