Page:Maistre - Les Soirées de Saint-Pétersbourg, Pélagaud, 1854, I.djvu/44

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mun ne vous accorde la même attention ; mais permettez-moi, je vous en prie, de commencer par vous chicaner avant que vous ayez commencé, et ne m’accusez point de répondre à votre silence ; car c’est tout comme si vous aviez déjà parlé, et je sais très-bien ce que vous allez me dire. Vous êtes, sans le moindre doute, sur le point de commencer par où les prédicateurs finissent, par la vie éternelle. « Les méchants sont heureux dans ce monde ; mais ils seront tourmentés dans l’autre : les justes, au contraire, souffrent dans celui-ci ; mais ils seront heureux dans l’autre. » Voilà ce qu’on trouve partout. Et pourquoi vous cacherais-je que cette réponse tranchante ne me satisfait pas pleinement ? Vous ne me soupçonnerez pas, j’espère, de vouloir détruire ou affoiblir cette grande preuve ; mais il semble qu’on ne lui nuirait point du tout en l’associant à d’autres.

LE SÉNATEUR

Si M. le chevalier est indiscret ou trop précipité, j’avoue que j’ai tort comme lui, et autant que lui ; car j’étais sur le point de vous quereller aussi avant que vous eussiez