Page:Maistre - Les Soirées de Saint-Pétersbourg, Pélagaud, 1854, I.djvu/49

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mettant ceci à côté de cela ; ou que toutes les couches de notre globe ne sont que le résultat fortuit d^une précipitation chimique, et cent autres belles choses de ce genre qu^on a débitées dans notre siècle, faut-il donc avoir beaucoup lu, beaucoup réfléchi ; faut-il être de quatre ou cinq académies pour sentir l’extravagance de ces théories ? Je vais plus loin ; je crois que dans les questions mêmes qui tiennent aux sciences exactes, ou qui paraissent reposer entièrement sur ^expérience, cette règle de la conscience intellectuelle n’est pas à beaucoup près nulle pour ceux qui ne sont point initiés à ces sortes de connaissances ; ce qui m’a conduit à douter, je vous l’avoue en baissant la voix, de plusieurs choses qui passent généralement pour certaines. L’explication des marées par l’attraction luni-solaire, la décomposition et la recomposition de Peau, d’autres théories encore que je pourrais vous citer et qui passent aujourd’hui pour des dogmes, refusent absolument d’entrer dans mon esprit, et je me sens invinciblement porté à croire qu’un savant de bonne foi viendra quelque jour nous apprendre que nous étions dans l’erreur sur ces grands objets, ou qu’on ne s’entendait pas. Vous me .