Page:Maistre - Lettres à un gentilhomme russe sur l’Inquisition espagnole, 1846.djvu/152

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doute, le ministre est ridicule, et réciproquement, partout où il est ridicule, on doute ; et, par conséquent, il n’y a point de foi.

Relisez les discussions qui eurent lieu au sujet du bill proposé pour l’émancipation des Catholiques (qui ne perdirent leur cause que par une seule voix), vous serez surpris de l’extrême défaveur qui se montra de mille manières dans le cours des débats contre l’ordre des ecclésiastiques. Un opinant alla même jusqu’à dire (il m’en souvient parfaitement), qu’ils ne devaient pas se mêler de ces sortes de discussions, ce qui est tout à fait plaisant dans une question de religion. Au fond, cependant, il avait raison ; car, du moment que la religion n’est plus qu’une affaire politique, ses ministres, comme tels, n’ont plus rien à dire. Or, c’est précisément le cas où se trouve l’Angleterre ; la tolérance dont on s’y vante n’est et ne peut être que de l’indifférence.