Page:Maistre - Lettres à un gentilhomme russe sur l’Inquisition espagnole, 1846.djvu/168

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que cent et cent fois il leur sera arrivé de prêcher, non seulement sans croire à la doctrine qu’ils annoncent, mais sans croire même à la légitimité de leur ministère ; comment, dis-je, cet auditeur pourrait-il ne pas mépriser ses maîtres, et passer bientôt du mépris du docteur à celui de la doctrine ? Celui-là n’aurait nulle idée de l’homme qui pourrait douter de cet inévitable enchaînement. Ainsi la théorie et l’observation se réunissent pour établir qu’il n’y a et qu’il ne peut y avoir de foi ni de religion positive, proprement dite, chez cette nation dont les envoyés viennent de se donner tant de peine pour abolir la détestable Inquisition.

Le Christianisme est effacé en Angleterre au point que, tout nouvellement, certains hommes, tenant encore par quelques fils à la foi antique, ont pu craindre que l’indifférence, sous le masque trompeur de la tolérance, n’en vînt enfin à donner à la nation anglaise des représentants étrangers au Christianisme.