Page:Maistre - Lettres à un gentilhomme russe sur l’Inquisition espagnole, 1846.djvu/173

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qui propose ce moyen admirable de renforcer l’Église nationale est cependant un homme loyal et sincère, qui raisonne d’après sa conscience et d’après l’opinion universelle qui l’environne. Qu’importent les dogmes ? Le symbole n’a plus qu’une ligne, et c’est la première. Tout le reste est renvoyé dans le cercle des opinions et des souvenirs. Comme établissement religieux, comme puissance spirituelle, l’Église anglicane n’existe déjà plus. Deux siècles ont suffi pour réduire en poussière le tronc de cet arbre vermoulu ; l’écorce subsiste seule, parce que l’autorité civile trouve son compte à la conserver.

Vous avez pu justement vous étonner, monsieur, en voyant les représentants d’une grande nation chrétienne refuser de reconnaître, comme condition nécessaire, dans ces mêmes représentants, la qualité de Chrétiens ! Cependant je suis en état de vous montrer quelque chose de plus étrange encore. Si je vous disais que l’Angleterre a solennellement, j’ai presque dit officiellement, renoncé au Christianisme, vous crieriez sans doute au paradoxe, et moi-même je suis tout prêt aussi à protester que je ne vous présente qu’un