Page:Maistre - Lettres à un gentilhomme russe sur l’Inquisition espagnole, 1846.djvu/176

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Je crois qu’il n’en est que plus coupable, et ce n’est pas ici le lieu de vous dire mes raisons ; mais ces contradictions qui avertissent la conscience des lecteurs, le rendent bien moins dangereux que Hume, sapant toutes les vérités avec un sang-froid tellement imperturbable qu’il ressemble à la logique. Nous l’avons entendu affirmer plus haut : qu’il est impossible de justifier le caractère de Dieu ; il ajoute que tout le pouvoir de la philosophie ne saurait excuser Dieu d’être l’auteur du péché [1]. Quel appareil dialectique n’a-t-il pas déployé pour renverser toute idée de liberté, c’est-à-dire pour anéantir la morale par sa base ? L’esprit le plus exercé à ces sortes de méditations chancelle plus d’une fois

  1. To free the deity from being the author of sin, has been found hitherto to exceed all of philosophy. (Essays, tom. III, sect. VIIIe.) C’est la pure doctrine de Luther et de Calvin ; c’est la conséquence légitime de leurs principes. Ils disaient : Donc il n’est pas ce que vous croyez. Hume, meilleur logicien, dit : Donc il n’est pas.