Aller au contenu

Page:Maistre - Lettres à un gentilhomme russe sur l’Inquisition espagnole, 1846.djvu/38

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

monsieur le Comte ? Assurément, c’est dans le gouvernement des pontifes que le véritable esprit des sacerdoces doit se montrer de la manière la moins équivoque. Or, c’est une vérité universellement connue, que jamais on n’a reproché à ce gouvernement que la douceur. Nulle part on ne trouvera un régime plus paternel, une justice plus également distribuée, un système d’impositions à la fois plus humain et plus savant, une tolérance plus parfaite. Rome est peut-être le seul lieu de l’Europe où le Juif ne soit ni maltraité, ni humilié. À coup sûr du moins c’est celui où il est le plus heureux, puisqu’une autre phrase proverbiale appela de tout temps Rome, le paradis des Juifs.

Ouvrez l’histoire : quelle souveraineté a moins sévi que celle de Rome contre les délits anti-religieux de toute espèce ? Même dans le temps que nous appelons d’ignorance et de fanatisme, jamais cet esprit n’a varié. Permettez-moi de vous citer seulement Clément IV, grondant, au pied de la lettre,