Page:Maistre - Lettres à un gentilhomme russe sur l’Inquisition espagnole, 1846.djvu/42

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des idées. Séparons donc et distinguons bien exactement, lorsque nous raisonnons sur l’Inquisition, la part du gouvernement de celle de l’Église. Tout ce que le tribunal montre de sévère et d’effrayant, et la peine de mort, surtout, appartient au gouvernement ; c’est son affaire, c’est à lui, et c’est à lui seul qu’il faut en demander compte. Toute la clémence, au contraire, qui joue un si grand rôle dans le tribunal de l’Inquisition, est l’action de l’Église qui ne se mêle de supplices que pour les

    Caligula, Commode, etc., laissèrent la nouvelle religion tranquille : tandis que le philosophe Trajan, le philosophe Antonin, le philosophe Marc-Aurèle, le philosophe Julien, furent tous persécuteurs. (Feller, Dictionnaire historique, article Marc-Aurèle.) Il est donc très vrai que les souverains pontifes chrétiens ne furent jamais persécuteurs ; mais Voltaire a grand tort de les comparer aux souverains pontifes païens Marc-Aurèle et Trajan (car ils le furent l’un et l’autre). Les éternels louangeurs de la tolérance romaine devraient bien se rappeler un seul passage au moins de ce même Tite-Live que je viens de citer. Les édiles sont chargés de veiller à ce qu’aucun dieu ne soit reçu à Rome, s’il n’est romain et adoré à la romaine. (IV, 30.)