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Page:Maistre - Lettres à un gentilhomme russe sur l’Inquisition espagnole, 1846.djvu/66

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Je suis fâché de surprendre dans les rangs des moins excusables calomniateurs Montesquieu lui-même, que nous voyons malheureusement affronter la plus dure épithète avec un rare intrépidité, dans la prétendue remontrance d’une prétendue Juive, dont il a fait un chapitre de son Esprit des Lois [1].

Une jeune fille innocente, brûlée dans une grande capitale d’Europe, sans autre crime que celui de croire à sa religion, serait un forfait national si horrible, qu’il suffirait pour flétrir un peuple et peut-être un siècle entier. Heureusement cette supposition est une calomnie absurde, déshonorable seulement pour celui qui se l’est permise.

Depuis quand est-il donc permis de calomnier les nations ? depuis quand est-il permis d’insulter les autorités qu’elles ont établies chez elles ? de prêter à ces autorités des actes

  1. Livre XXV, chap. XIII.