Page:Maistre - Lettres à un gentilhomme russe sur l’Inquisition espagnole, 1846.djvu/92

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cette recommandation de garder le secret faite au voyageur anglais. Le secret à propos d’une place publique destinée aux exécutions à mort par le moyen du feu ! Mais voilà les sornettes dont se repaissait l’Europe. Au reste, je ne doute pas un moment que la gravité espagnole ne se soit moquée, dans cette occasion, de la crédulité protestante. Voyez-vous cet édifice, aura dit quelque bon plaisant de Séville, c’est là où l’on brûle les hérétiques en grand secret ; mais, pour l’amour de Dieu, n’en dites rien, vous me perdriez.

Ce qu’il y a de bon encore, c’est que le voyageur parle du Quemadero comme d’un brûloir à café qui est chaque jour en exercice. Son imagination (ceci est exact) lui représente ce lieu comme entouré de flammes sanglantes. Vous diriez qu’il s’agit d’une boucherie établie au milieu d’un bûcher en permanence. Cependant, il y avait quatre ans que ce lieu n’avait vu d’exécution ; et quelle était la victime encore ! Une religieuse