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Page:Maistre Xavier de - Oeuvres completes, 1880.djvu/10

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béry au lac du Bourget. Un petit bois de châtaigniers sauvages, toujours jeunes parce qu’on les coupe toujours pour le chauffage de la métairie, la domine et la protège du vent du nord ; une petite cour pavée de cailloux de deux couleurs roulés par l’Aïsse, est arrosée d’une fontaine qui y coule, à petits filets, d’un tronc d’arbre creusé et verdi de mousse. Un corridor, une cuisine, une salle à manger, quelques chambres basses pour les provisions, la lingerie, les domestiques, composent le rez-de-chaussée. On monte par un escalier de pierres grises au premier étage, où l’on trouve un petit salon et cinq ou six chambres de maîtres ou d’hôtes. »

C’est dans ce nid champêtre que vivait à la fin du dix-huitième siècle la famille de Maistre. Elle était nombreuse et formait une sorte de tribu, rangée sous l’autorité patriarcale de son chef, le comte François-Xavier. D’abord avocat fiscal près le sénat de Savoie, puis président de ce corps, ce magistrat avait eu dix enfants, cinq fils et cinq filles, du mariage qu’il avait contracté, le 7 avril 1750, avec Christine de Motz. Joseph, le chrétien gentilhomme, l’écrivain absolutiste, en qui semble revivre le sombre génie des grands papes du moyen âge, fut l’aîné des fils ; André, le second, entra dans les ordres et mourut évêque d’Aoste ; les trois autres, Nicolas, Xavier et Victor, embrassèrent la carrière des armes. Disons, en passant, que Nicolas, colonel du régiment de Savoie, se lia dans la suite d’une vive amitié avec Lamartine.

S’il fallait s’en rapporter au témoignage de Xavier, il serait né le 8 octobre 1760, à Chambéry ; mais, en deux endroits de sa correspondance, il se contredit lui-même et donne raison à ceux de ses biographes qui ont