Page:Maistre Xavier de - Oeuvres completes, 1880.djvu/116

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je ne les partagerais pas, si ces plaisirs ne vous étaient pas nuisibles et s’ils n’altéraient pas l’harmonie qui… »

Ici mon âme fut interrompue vivement : — « Non, non, je ne suis point la dupe de votre bienveillance supposée : — le séjour forcé que nous faisons ensemble dans cette chambre où nous voyageons ; la blessure que j’ai reçue, qui a failli me détruire et qui saigne encore ; tout cela n’est-il pas le fruit de votre orgueil extravagant et de vos préjugés barbares ? Mon bien-être et mon existence même sont comptés pour rien lorsque vos passions vous entraînent, — et vous prétendez vous intéresser à moi, et vos reproches viennent de votre amitié ? »

Mon âme vit bien qu’elle ne jouait pas le meilleur rôle dans cette occasion ; — elle commençait d’ailleurs à s’apercevoir que la chaleur de la dispute en avait supprimé la cause, et profitant de la circonstance pour faire une diversion : « Faites du café,  » dit-elle à Joannetti, qui entrait dans la chambre. — Le bruit des tasses attirant toute l’attention de l’insurgente[1],

  1. On appela insurgents, vers la fin du dernier siècle, les Américains qui se soulevèrent pour la cause de l’indépendance dans les colonies anglaises.