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Page:Maistre Xavier de - Oeuvres completes, 1880.djvu/157

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messager de ma belle voisine, lui dis-je dans le langage des bardes, pourquoi tes yeux brillent-ils sous tes épais sourcils, comme deux météores dans la forêt noire de Cromba ? Ta belle compagne est un rayon de lumière, et je mourrais mille fois plutôt que de vouloir troubler son repos ; mais ton aspect, ô respectable messager !… ton aspect est sombre comme la voûte la plus reculée de la caverne de Camora, lorsque les nuages amoncelés de la tempête obscurcissent la face de la nuit et pèsent sur les campagnes silencieuses de Morven. »

Le voisin qui n’avait apparemment jamais lu les poésies d’Ossian, prit, mal à propos, l’accès d’enthousiasme qui m’animait pour un accès de folie, et parut fort embarrassé. Mon Intention n’étant point de l’offenser, je lui offris un siège, et je le priai de s’asseoir ; mais je m’aperçus qu’il se retirait doucement, et se signait en disant à demi-voix : E matto, per Bacco, è matto[1] !

  1. Il est fou, par Bacchus, il est fou !