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Page:Maistre Xavier de - Oeuvres completes, 1880.djvu/161

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main créatrice, laissa échapper la première hirondelle dans les airs ? – celui qui donna l’ordre à ces arbres de sortir de la terre et d’élever leurs rameaux vers le ciel ? – Et toi, qui t’avances majestueusement sous leur ombre, créature ravissante, dont les traits commandent le respect et l’amour, qui t’a placée sur la surface de la terre pour l’embellir ? Quelle est la pensée qui dessina tes formes divines, qui fut assez puissante pour créer le regard et le sourire de l’innocente beauté !… Et moi-même, qui sens palpiter mon cœur… quel est le but de mon existence ? – Que suis-je, et d’où viens-je, moi l’auteur de la colombe artificielle centripète ?… »

À peine eus-je prononcé ce mot barbare que, revenant tout coup à moi comme un homme endormi sur lequel on jetterait un seau d’eau, je m’aperçus que plusieurs personnes m’avaient entouré pour m’examiner, tandis que mon enthousiasme me faisait parler seul. Je vis alors la belle Georgine qui me devançait de quelques pas. La moitié de sa joue gauche, chargée de rouge, que j’entrevoyais à travers les boucles de sa perruque blonde, acheva de me remettre au courant des affaires de ce monde, dont je venais de faire une petite absence.