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Page:Maistre Xavier de - Oeuvres completes, 1880.djvu/176

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d’elles ; et, quoiqu’elles ne fassent pas toujours exactement les mêmes réflexions que je viens d’écrire, elles possèdent un sens exquis et naturel qui leur apprend qu’une phrase triviale, dite par le seul motif de lier la conversation et de s’approcher d’elles, vaut mille fois mieux qu’un trait d’esprit inspiré par la vanité, et mieux encore (ce qui paraîtra bien étonnant) qu’une épître dédicatoire en vers. Bien plus, je soutiens (dût mon sentiment être regardé comme un paradoxe) que cet esprit léger et brillant de la conversation n’est pas même nécessaire dans la plus longue liaison, si c’est vraiment le cœur qui l’a formée ; et, malgré tout ce que les personnes qui n’ont aimé qu’à demi disent des longs intervalles que laissent entre eux les sentiments vifs de l’amour et de l’amitié, la journée est toujours courte lorsqu’on la passe auprès de son amie, et le silence est aussi intéressant que la discussion.

Quoi qu’il en soit de ma dissertation, il est très sûr que je ne vis rien de mieux à dire, sur le bord du toit où je me trouvais, que les paroles en question. Je ne les eus pas plutôt prononcées que mon âme se transporta tout entière au tympan de mes oreilles, pour saisir jusqu’à la moindre nuance des sons que j’espérais entendre. La belle releva sa tête pour me regarder ; ses longs che-