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Page:Maistre Xavier de - Oeuvres completes, 1880.djvu/18

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plus de la maison depuis qu’il y a une chapelle, et ses accès de mélancolie redoublent.

« Lorsqu’on avance en s’appuyant sur des tombeaux dans cette caverne obscure de la vie, la solitude et la nuit augmentent à chaque pas, on n’entend plus qu’à peine et de loin le bruit du monde. Déjà je tâtonne avec le pied pour savoir s’il reste encore de l’espace devant moi[1]. »

Est-on curieux de savoir quels furent en politique les sentiments de Xavier de Maistre, sa correspondance donnera dès les premières lignes ample satisfaction. On n’aura pas lieu d’être surpris d’y retrouver, semblable à lui-même, l’écrivain qui dans un passage du Voyage autour de ma chambre laissait dès 1793 un libre cours à son indignation sur « le roi arraché de son trône et Dieu de son sanctuaire. » Il resta l’homme du passé, royaliste convaincu et fervent catholique, avec plus d’ardeur qu’on n’en aurait attendu de sa nature insouciante et un peu molle.

À Paris, la chambre des députés lui rappelait involontairement le Vésuve. Effrayé du bruit qui s’y faisait, il redoutait l’explosion prochaine ; et ce bruit, « il en comprenait peu l’utilité, fait observer Sainte-Beuve, au sortir du silence des villas et du calme des monarchies absolues. » Déjà hostile aux tendances libérales de la Restauration, il vit la chute des Bourbons sous les plus sombres perspectives.

« Je suis persuadé, écrit-il alors de Naples, que toute cette baraque qu’on élève aujourd’hui, sans Dieu et contre Dieu, s’écroulera sur ses architectes. »

Le rétablissement du Panthéon le « fait frissonner. »

  1. Saint-Pétersbourg, 4 février 1841.