Page:Maistre Xavier de - Oeuvres completes, 1880.djvu/21

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les écrivains éminents qui furent ses contemporains. Du mouvement littéraire qui passionna les premières générations de ce siècle, il ne dit rien ; des poètes, tels que Chénier, Musset, Hugo, rien non plus ; des romanciers, comme Balzac, Georges Sand, Mérimée, Dumas, encore rien. Les connaissait-il ? C’est douteux. Suivant la remarque de Sainte-Beuve, « il a peu lu nos auteurs modernes, il ne les connaissait guère que de nom, même le très petit nombre qui mériteraient de lui agréer. » Dans ses lettres, il est question plusieurs fois de Lamartine ; mais c’est seulement de l’ami de la famille qu’il parle ou de l’homme politique, l’un pour assurer qu’il l’aime « quand même, » l’autre pour signaler son génie orgueilleux, l’inanité de son œuvre, et « où l’a conduit en 1848 le mépris de la religion. »

Reste un écrivain genevois, Tœpffer, dont le hasard fit tomber entre ses mains les premiers opuscules. C’est le seul avec lequel il se déclare en conformité d’idées, qu’il est heureux de recommander à ses amis, le seul dont il désire faire la connaissance. « Sa manière de penser, dit-il, est tout à fait analogue à la mienne. Si cet homme avait reçu une éducation plus distinguée et plus soignée, ses ouvrages auraient doublé de prix. » Observation singulière, venant surtout de celui des deux qui avait le moins travaillé ! Cette impression ne s’effaça point de son esprit, et plus tard il disait aux libraires parisiens qui demandaient à sa plume de nouveaux récits : « Prenez du Tœpffer. » En cela, il se montra juste et généreux tout ensemble.

On n’en peut dire autant de la manière dont il traita Sainte-Beuve, qui lui avait accordé dans sa galerie de portraits contemporains une place des plus flatteuses. Le cri-