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Page:Maistre Xavier de - Oeuvres completes, 1880.djvu/216

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tervertir l’ordre méthodique et sévère auquel je me suis assujetti dans la rédaction de mon voyage.

Chapitre XXXVII

L’horloge du clocher de Saint-Philippe sonna lentement minuit. Je comptai, l’un après l’autre, chaque tintement de la cloche, et le dernier m’arracha un soupir. « Voilà donc, me dis-je, un jour qui vient de se détacher de ma vie ; et, quoique les vibrations décroissantes du son de l’airain frémissent encore à mon oreille, la partie de mon voyage qui a précédé minuit est déjà tout aussi loin de moi que le voyage d’Ulysse ou celui de Jason. Dans cet abîme du passé les instants et les siècles ont la même longueur ; et l’avenir a-t-il plus de réalité ? Ce sont deux néants entre lesquels je me trouve en équilibre comme sur le tranchant d’une lame. En vérité, le temps me parait quelque chose de si inconcevable, que je serais tenté de croire qu’il n’existe réellement pas, et que ce qu’on nomme ainsi n’est autre chose qu’une punition de la pensée. »