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Page:Maistre Xavier de - Oeuvres completes, 1880.djvu/237

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cette campagne et sur les rochers qui nous environnent. Ces différents aspects sont tellement empreints dans ma mémoire, qu’ils font, pour ainsi dire, partie de moi-même, et chaque site est un ami que je vois avec plaisir tous les jours.


LE MILITAIRE.

J’ai souvent éprouvé quelque chose de semblable. Lorsque le chagrin s’appesantit sur moi, et que je ne trouve pas dans le cœur des hommes ce que le mien désire, l’aspect de la nature et des choses inanimées me console ; je m’affectionne aux rochers et aux arbres, et il me semble que tous les êtres de la création sont des amis que Dieu m’a donnés.


LE LÉPREUX.

Vous m’encouragez à vous expliquer à mon tour ce qui se passe en moi. J’aime véritablement les objets qui sont, pour ainsi dire, mes compagnons de vie, et que je vois chaque jour : aussi, tous les soirs, avant de me retirer dans la tour, je viens saluer les glaciers de Ruitorts, les bois sombres du mont Saint-Bernard, et les pointes bizarres qui dominent la vallée de Rhème. Quoique la puissance de Dieu soit aussi visible dans la création d’une fourmi que dans celle de l’univers entier, le grand spectacle des montagnes en impose cependant da-