Aller au contenu

Page:Maistre Xavier de - Oeuvres completes, 1880.djvu/270

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

gens, qui venait de les rejoindre, annonça que les Russes continuaient à s’avancer, et que probablement les troupes des autres redoutes se réuniraient pour les poursuivre. Les chefs tinrent conseil : il s’agissait de cacher leur retraite, non-seulement pour garder leur prisonnier, mais encore pour détourner l’ennemi de leurs villages, et éviter ainsi ses représailles. La horde se dispersa par divers chemins. Dix hommes à pied furent destinés à conduire les prisonniers, tandis qu’une centaine de chevaux restèrent réunis, et marchèrent dans une direction différente de celle que devait tenir Kascambo. On enleva à celui-ci ses bottes ferrées, qui auraient pu laisser une empreinte reconnaissable sur le terrain, et on l’obligea, ainsi qu’Ivan, à marcher pieds nus une partie de la matinée.

Arrivée près d’un torrent, la petite escorte le remonta, le long du bord, sur le gazon, l’espace d’une demi-verste, et descendit dans l’endroit où les bords étaient le plus escarpés, au milieu des broussailles épineuses, évitant soigneusement de laisser la trace de son passage. Le major était si fatigué, que pour l’amener jusqu’au ruisseau il fallut le soutenir avec des ceintures. Ses pieds étaient ensanglantés ; on se décida à lui rendre sa chaussure pour qu’il pût achever la traite qui restait à faire.