Page:Maistre Xavier de - Oeuvres completes, 1880.djvu/276

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réveillait au moindre bruit. De jour en jour le prisonnier était traité avec plus de rigueur. Comme la réponse à ses lettres n’arrivait point, les Tchetchenges venaient souvent dans sa prison pour l’insulter et le menacer des plus cruels traitements. On le privait de ses repas, et il eut un jour le chagrin de voir battre sans pitié le petit Mamet pour quelques Mets que cet enfant lui avait apportées.

Une circonstance bien remarquable dans la situation pénible où se trouvait Kascambo, c’est la confines qu’avaient en lui ses persécuteurs et l’estime qu’il leur avait inspirée. Tandis que ces barbares lui faisaient souffrir des avanies continuelles, ils venaient souvent le consulter et le prendre pour arbitre dans leurs affaires et dans les dételés qu’ils avaient ensemble. Entre autres contestations dont on le fit juge, la suivante mérite d’être citée par sa singularité.

Un de ces hommes avait confié une assignation russe de cinq roubles à son camarade, qui partait pour une vallée voisine, en le chargeant de la remettre à quelqu’un. Le commissionnaire perdit son cheval, qui mourut en chemin, et se persuada qu’il avait le droit de garder les cinq roubles en indemnité de la perte qu’il avait faite. Ce raisonnement, digne du Caucase, ne fut point goûté par