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Page:Maistre Xavier de - Oeuvres completes, 1880.djvu/307

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possible par un nouveau malheur qui leur arriva vers la lin de la nuit. Comme ils traversaient un petit ravin, sur un reste de neige qui en couvrait le fond, la glace se rompit sous leurs pieds, et ils entrèrent dans l’eau jusqu’aux gens. Les efforts que lit Kascambo pour se dégager achevèrent de mouiller ses habits. Depuis le moment de leur départ, le froid n’avait jamais été si perçant ; toute la campagne était blanche de grésil. Après un quart d’heure de marche, saisi par le froid, il tomba de lassitude et de douleur, et refusa décidément d’aller plus loin. Voyant l’impossibilité d’arriver au terme de son voyage, il regardait comme une barbarie inutile de retenir son compagnon, qui pouvait aisément s’évader seul. « Écoute, Ivan, lui dit-il, Dieu m’est témoin que j’ai fait tout ce que j’ai pu jusqu’à ce moment pour profiter des secours que tu m’as donnés, mais tu vois à présent qu’ils ne peuvent plus me sauver, et que mon sort est décidé. Va t’en à la ligne, mon cher Ivan, retourne à notre régiment ; je te l’ordonne. Dis à mes anciens amis et à mes supérieurs, que tu m’as laissé ici en pâture aux corbeaux, et que je leur souhaite un meilleur sort. Mais,