de gaieté avait fait sortir de son caractère, reprit bientôt toute sa sévérité. Tandis qu’il la grondait au sujet de ses larmes, sa mère attendrie l’embrassait en riant. « Allons, lui dit-elle en lui présentant un linge, commence par nettoyer la table pour le dîner ; tu pourras ensuite partir pour Saint-Pétersbourg, à ta commodité. »
Cette scène était plus faite pour dégoûter Prascovie de ses projets que des reproches ou de mauvais traitements ; cependant l’humiliation qu’elle éprouvait de se voir traiter comme un enfant se dissipa bientôt et ne la découragea point. La glace était rompue : elle revint à la charge à plusieurs reprises, et ses prières furent bientôt si fréquentes et si importunes, que son père, perdant patience, la gronda sérieusement, et lui défendit avec sévérité de lui parler là-dessus davantage. Sa mère, avec plus de douceur, tâcha de lui faire comprendre qu’elle était trop jeune encore pour songer à une entreprise si difficile.
Depuis lors, trois ans s’écoulèrent sans que Prascovie osât renouveler ses instances à ce sujet. Une longue maladie de sa mère la contraignit de renvoyer son projet à des temps plus favorables ; cependant il ne se passa pas un seul jour sans