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Page:Maistre Xavier de - Oeuvres completes, 1880.djvu/350

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plusieurs jours. Pendant ce temps de repos, un paysan charitable lui fit une paire de bottines ; enfin, lorsqu’elle eut recouvré sa santé et ses forces, elle prit congé de la bonne femme, et continua son voyage, qu’elle poursuivit jusqu’à l’hiver, s’arrêtant plus ou moins dans différents villages, selon que la fatigue l’y obligeait et d’après l’accueil qu’elle recevait des habitants. Elle tâchait, pendant le séjour qu’elle y faisait, de se rendre utile, en balayant la maison, en lavant le linge ou en cousant pour ses hôtes. Elle ne contait son histoire que lorsqu’elle était déjà reçue et établie dans la maison. Elle avait remarqué que lorsqu’elle voulait se faire connaître au premier abord, on ne la croyait pas et qu’on la prenait pour une aventurière. En effet, les hommes sont généralement disposés à se roidir, lorsqu’ils aperçoivent qu’on veut les gagner. Il faut les toucher sans qu’ils s’en doutent, et ils accordent plus volontiers leur pitié que leur estime. Prascovie commençait donc par demander un peu de pain ; puis elle parlait de la fatigue dont elle était accablée, pour obtenir l’hospitalité ; enfin, lorsqu’elle était établie chez ses hôtes, elle disait son nom et racontait son histoire. C’est ainsi que, dans son pénible voyage, elle faisait peu à peu le cruel apprentissage du cœur humain.