Page:Maistre Xavier de - Oeuvres completes, 1880.djvu/355

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l’inexorable visiteuse, sans lui répondre, se mit à chercher dans ses habits, dans ses bottines, qu’elle lui fit ôter. L’homme apporta de la lumière : on examina le sac du passe-port, on lui fit ouvrir les mains ; enfin, le vieux couple, voyant ses recherches inutiles, descendit, et laissa notre voyageuse plus morte que vive.

Cette scène effrayante, et plus encore la crainte de la voir se renouveler, la tinrent longtemps éveillée. Cependant, lorsqu’elle reconnut à leur respiration bruyante que ses hôtes s’étaient endormis, elle se tranquillisa peu à peu, et, la fatigue l’emportant sur la frayeur, elle s’endormit elle-même profondément. Il était grand jour lorsque la vieille la réveilla. Elle descendit du poêle, et fut tout étonnée de lui trouver, ainsi qu’à son mari, un air plus naturel et plus affable. Elle voulait partir ; ils la retinrent pour lui donner à manger. La vieille en fit aussitôt les préparatifs avec beaucoup plus d’empressement que la veille. Elle prit la fourche et retira du poêle le pot au stchi [1] dont elle lui servit une bonne portion : pendant ce temps le mari soulevait une trappe du plancher sous lequel était le seau du kvas [2], et lui en servit une pleine cruche.

  1. Soupe russe faite avec des choux aigres et de la viande salée.
  2. Petite bière faite avec de la farine de seigle.