Page:Maistre Xavier de - Oeuvres completes, 1880.djvu/357

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sortir du village, elle fut attaquée par une troupe de chiens qui l’entourèrent. Elle se mit à courir, en se défendant avec son bâton, ce qui ne fit qu’augmenter leur rage. Un de ces animaux saisit le bas de sa robe et la déchira. Elle se jeta à terre en se recommandant à Dieu. Elle sentit même avec horreur un des plus obstinés appuyer son nez froid sur son cou pour la flairer. « Je pensais, disait-elle, que celui qui m’avait sauvée de l’orage et des voleurs me préserverait aussi de ce nouveau danger. » Les chiens ne lui firent aucun mal ; un paysan qui passait les dispersa.

La saison avançait ; Prascovie fut retenue près de huit jours dans un village par la neige, qui était tombée en si grande abondance, que les chemins étaient impraticables aux piétons. Lorsqu’ils furent suffisamment battus par les traîneaux, elle se disposait courageusement à continuer sa route à pied ; mais les paysans chez lesquels elle avait logé l’en dissuadèrent et lui en firent voir le danger. Cette manière de voyager devient alors impossible aux hommes même les plus robustes, qui périraient infailliblement égarés dans ces déserts glacés, lorsque le vent chasse la neige et fait disparaître les chemins.

Son bonheur amena dans ce village un convoi de traîneaux qui conduisaient des provisions à Ékatherinembourg