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Page:Maistre Xavier de - Oeuvres completes, 1880.djvu/362

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où elle était d’aller demander l’hospitalité à madame Milin, dont tout le monde lui avait appris la bienfaisance et l’humanité. Elle parlait à madame Milin elle-même, qui entendait ainsi son éloge d’une manière qui ne pouvait lui être suspecte de flatterie. Cette bonne dame, avant de se faire connaître à la voyageuse, voulut s’amuser un instant de son embarras. « Cette dame Milin, dit-elle, qu’on vous vante tant, n’est pas aussi bienfaisante que vous l’imaginez. Si vous voulez m’en croire et venir avec moi, je vous pro-« curerai un bien meilleur gîte. »

D’après tout le bien qu’on lui avait dit de madame Milin à l’auberge, Prascovie prit une mauvaise idée de sa nouvelle connaissance : elle la suivit sans oser refuser et sans accepter sa proposition. « Au reste, lui dit madame Milin, voyant qu’elle ralentissait le pas, si vous tenez si fort à vous rendre chez cette dame, voici sa maison à deux pas d’ici : entrons chez elle, vous verrez comment vous y serez reçue ; mais promettez-moi que si l’on ne vous y retient pas vous viendrez avec moi. » Prascovie, sans répondre, entra dans la maison, et s’adressant aux femmes de madame Milin, leur demanda si leur maîtresse était chez elle. Les femmes, étonnées de cette question faite en présence de leur maîtresse elle-