Page:Maistre Xavier de - Oeuvres completes, 1880.djvu/375

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dans lequel elle serait reçue en fille chérie, quel que fin le succès de son voyage.

Prascovie arriva dans cette dernière ville sans embarras et sans accidents. Mademoiselle de S*** eut pour elle beaucoup d’égards et de soins, et la retint quelques jours pour lui chercher un compagnon de voyage jusqu’à Pétersbourg.

Elle partit avec un marchand qui voyageait avec ses propres chevaux, et qui demeura vingt jours en chemin. Outre les lettres de recommandation qui lui avaient été remises par les dames d’Ékatherinembourg, elle en reçut une de mademoiselle de S*** pour madame la princesse de T***, personne respectable et très-âgée. Telles étaient ses ressources lorsqu’elle arriva dans la capitale, vers le milieu de février, environ dix-huit mois après son départ de Sibérie, avec autant de courage et d’espoir qu’elle en avait le premier jour de son voyage.

Elle logea chez son conducteur, sur le canal d’Ékatherinski, et fut quelque temps comme perdue dans cette grande ville, avant de savoir ce qu’elle devait entreprendre, et comment remettre ses lettres de recommandation : ce qui lui fit perdre un temps précieux.

Le marchand, occupé de son commerce, ne songeait guère à elle ; il s’était cependant chargé