Un jour, cependant, un des employés, qui l’avait sans doute remarquée précédemment, s’arrêta près d’elle, prit la supplique, et sortit de sa poche un paquet de papiers. La malheureuse conçut un instant d’espoir ; mais le paquet était une somme d’assignations, parmi lesquelles il en prit une de cinq roubles, la mit dans la supplique, et, rendant le tout à la suppliante, rentra dans l’appartement et disparut. Prascovie, toute déconcertée, serra l’assignation et se retira. « Je suis sûre, disait-elle un jour à son hôtesse, que si un frère de madame Milin se trouvait parmi les sénateurs, il aurait pris ma supplique sans me connaître. »
Les fêtes de Pâques, pendant lesquelles le sénat ne s’assemble pas, lui donnèrent quelque repos : elle en profita pour faire ses dévotions. En se livrant à ce pieux exercice, elle renouvela ses prières pour le succès de son entreprise ; et telle était la sincérité de sa foi, qu’après sa communion elle revint persuadée qu’on prendrait sa supplique au sénat la première fois qu’elle s’y présenterait ; ce qu’elle n’hésita point d’annoncer à la marchande comme une chose certaine. Cette dernière était bien loin de partager son espérance, et lui conseilla d’abandonner cette voie : cependant, comme, le jour