Page:Maistre Xavier de - Oeuvres completes, 1880.djvu/446

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plus faiblement vers le lever du soleil, le mercredi soir, un des travailleurs, embouchant le porte-voix, annonça, par ordre des principaux directeurs de l’entreprise, que le ballon serait lancé le lendemain, à six heures du matin.

La grande curiosité du public était de connaître un des voyageurs qui ne se montrait point encore. Primitivement, l’aérostat devait être monté par le chevalier de Chevelu, qui était le moteur et le chef naturel de l’entreprise ; et le public, dont il est fort aimé, aurait bien désiré le voir suivre son projet ; mais la tendresse paternelle s’opposa au vœu général ; et l’amour de la physique n’empêcha point un père alarmé de défendre net à monsieur son fils de monter cette voiture d’un nouveau genre. Les craintes du père et la soumission du fils les honorent l’un et l’autre ; mais c’est avec le plus vrai chagrin que nous avons vu partir ce cher et aimable chevalier, sans avoir retiré de ses travaux et de ses peines incroyables d’autre fruit que le spectacle d’une expérience manquée. Nous espérons au moins que la nouvelle du succès le consolera de tout.

Vous sentez bien que notre bouillante jeunesse offrait autant de voyageurs que de têtes ; mais, pour prévenir les inconvénients qui auraient pu