Page:Maistre Xavier de - Oeuvres completes, 1880.djvu/449

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coucha et se couvrit d’une toile. Dans ce moment, une des cordes qui suspendaient Son panier sauta tout à coup, sans doute parce que le ballon commençait à s’élever insensiblement, et que la corde, n’ayant pas été scrupuleusement égalisée aux autres, se trouva trop courte et porta tout le poids. Mais, le voyageur s’étant assuré par un léger examen que les autres cordes suffisaient à sa sûreté, il ne jugea point à propos de perdre le temps en réparations inutiles et d’alarmer peut-être les esprits : alors, son frère[1], qui était sur l’estrade, toucha les cordes, lui dit un adieu laconique et vint se mêler à la foule. Enfin, l’instant désiré arrive, le grand câble avait disparu : le ballon, parfaitement gonflé, faisait des efforts visibles pour s’échapper ; tons les cœurs palpitent, tontes les lunettes sont en l’air.

On demande silence. M. Brun se tourne et tire un coup de pistolet. C’était le signal convenu. On lâche toutes les cordes : rien ne retient le ballon ; il quitte l’estrade ; son foyer brille à tous les yeux ; il est en l’air.

Tenterai-je de vous peindre la sensation uni-

  1. Joseph de Maistre.