Page:Maizeroy – L’Amour qui saigne, 1882.djvu/134

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Montagne avait été porté par les laquais dans le vaste salon banal de l’hôtel. Aucune lueur vitale n’éclairait le regard fixe de ses yeux atones. Il reposait inerte sur un large meuble d’acajou d’où s’échappaient par instants des odeurs fétides de malade. Les jambes pendaient emmaillotées de couvertures épaisses. Une calotte de velours noir recouvrait sa nuque chauve et avivait encore la pâleur d’ivoire du visage. Et n’eût été le mâchonnement perpétuel des lèvres, le bruit faible de sa respiration et une sorte de tremblement frileux qui agitait ses doigts amaigris, on aurait pris le millionnaire démoli par la vie parisienne pour une momie déjà mangée aux vers.