Page:Maizeroy – L’Amour qui saigne, 1882.djvu/19

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teau ; — des vergers incultes, plantés depuis des siècles, et qui grandissaient sauvagement au gré de la nature comme une futaie inviolée. Les troncs énormes, trapus, des pommiers semblaient les colonnes bizarres d’un cloître. Leurs branches embroussaillées de larges bouquets de gui, vernissées comme d’une lèpre de plaques de mousse, s’entrelaçaient, bouchaient de leur végétation affolée les pans du ciel qui s’éparpillaient de-ci, de-là. Et elles étaient étoilées de fleurs si innombrables, si radieusement épanouies, que la lumière filtrée par tous ces pétales immaculés coulait comme une nappe de lait figé, limpide, transparente, noyant les fonds en une teinte unique qui les décolorait.