Page:Maizeroy – L’Amour qui saigne, 1882.djvu/63

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Il parlait de l’amour triomphant dans la vie, de l’amour dédaigné par tant d’imbéciles, qui emporte en des Paradis inconnus, qui joint les lèvres ravies, qui unit pour l’éternité humaine et nous laisse la joie mélancolique du rappel pour les heures mauvaises. Il en parlait éperdûment, comme un ascète des Thébaïdes secoué par la tentation, qui se délivre en clamant vers le ciel sa nostalgie coupable, sa soif de béatitudes défendues. Son masque austère de Savonarole rayonnait comme allumé par la braise rouge d’un bûcher. Il s’exaltait. Il se grisait de ses tirades enthousiastes. On eût cru qu’il prêchait pour une sainte Thérèse inconnue, perdue dans la foule. Ses gestes planaient