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Page:Maizeroy - Deux amies, 1885.djvu/109

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DEUX AMIES

troussait les manches, tutoyait les palefreniers, sifflait et crachait comme eux.

Leurs chansons ordurières, leurs gros mots la réjouissaient, et malgré les sursauts effarés de M. de Luxille, les signes désespérés de la marquise scandalisée, elle employait à plaisir cet argot d’écurie quand elle dînait chez ses parents.

— Très moderne, ma femme, très moderne ! disait insoucieusement Stanislas, et le mari et la femme se gaussaient ensuite des remontrances familiales.

Jeanne avait chaque jour de longues conférences avec son cocher François. C’était un gentleman irréprochable, qui se faisait habiller par un des meilleurs tailleurs de Londres, ne montait sur son siège qu’aux grandes occasions, pariait la forte somme aux courses et entretenait une actrice des Bouffes. Il traitait M. de Tillenay d’égal à égal.

— Madame m’intéresse, affirmait-il souvent d’un air protecteur. Je crois qu’on pourra en tirer quelque chose.

François accompagnait Mme de Tillenay au