Aller au contenu

Page:Maizeroy - Deux amies, 1885.djvu/112

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
100
LES PARISIENNES

Commettait-elle vraiment un péché en resserrant les liens qui l’unissaient à son amie ? Cet amour était-il coupable ? Elle ne violait pas les promesses jurées à l’autel. Elle ne trompait pas son mari. Sa chasteté de femme honnête demeurait inviolée, et aucun autre homme que Stanislas n’avait encore effleuré même le bout de ses doigts. Ce sujet revenait souvent dans ses conversations avec Eva, et celle-ci la rassurait par des raisons spécieuses, calmait ses scrupules, lui fermait la bouche avec des baisers.

Et elles stigmatisaient avec une inclémence presque haineuse les femmes qui, lasses de traîner leur boulet obligatoire, ne résistaient pas à la tentation d’être adorées et prenaient un amant. Eva avait-elle donc perdu le souvenir de la chaude soirée d’été où elle s’était livrée comme une fille ? N’aurait-elle pas dû rire au nez de Mme de Tillenay quand elle déclarait de sa voix fausse de gamin en train de muer que pour rien au monde elle ne consentirait à recevoir une de ces « créatures »,